Mère Marie-Thérèse Dubouché (1809-1863)

Théodelinde Dubouché, connue sous son nom religieux de vénérable mère Marie-Thérèse du Cœur de Jésus, née à Montauban et morte à Paris, est une artiste peintre et religieuse française, fondatrice de la congrégation des Sœurs de l’Adoration Réparatrice. Voici un résumé de sa vie (cliquez ici)

Voici quelques citations de Mère Marie-Thérèse, tirées de ses lettres et de l’Esprit de l’Oeuvre (cliquez ici)

Misère humaine ! On cherche la voie partout : on interroge la science, on lit des livres volumineux, on s’adresse à l’expérience, on observe, on réfléchit, on considère la créature dans l’ordre physique et moral, tout cela en quête de vie ! Et le principe de vie est là, il est à nous et nous le dédaignons pour aller boire à tous ses ruisseaux qui ne peuvent étancher notre soif ! Qu’il est triste de voir les hommes qui se remuent en vain pour découvrir des moyens de trouver Dieu, quand ils l’ont si près d’eux dans ce divin sacrement !

L’adoration eucharistique, c’est d’être là comme une fleur devant son Soleil. Si vous saviez quel est Celui qui vous regarde à travers ces voiles… Ne faites rien, n’importe ! Une vertu sortira de lui… Les bons anges vous enverront le souffle de sa bouche, la chaleur de son Cœur…

Quand nous ne ferions autre chose par notre présence perpétuelle au Saint Lieu que d’attester la présence perpétuelle de Jésus au Très-Saint-Sacrement ; (…) quand nous ne prononcerions d’autres paroles que celle-ci : ‘Dieu est là’ il me semble que nos vies seraient dignement et utilement employées.

• Adorer c’est aimer

L’adoration est un acte d’amour ; c’est le cœur qui adore parce que c’est lui qui aime. L’amour n’est ni dans les sens, ni dans la chair, ni dans l’imagination, mais dans le cœur. Le cœur nous a été donné pour établir des rapports parfaits entre Dieu et nous ; l’amour divin est le seul feu qui puisse s’élever vers Dieu, le seul qui puisse pénétrer jusqu’à l’intime du cœur de Dieu, le seul qui puisse plaire à Dieu, le seul enfin qui puisse l’adorer (…) L’acte d’adoration est un double mouvement par lequel le cœur se porte alternativement de l’abîme des grandeurs de Dieu à l’abîme de notre néant. L’amour et l’humilité, voilà les deux bases de la vraie adoration : il ne faut jamais les séparer… Rappelons-nous que nous portons cet amour dans un vase fragile, que notre chair n’est pas pure, que par conséquent nous devons toujours avoir le sentiment de respect filial qui convient à la créature en présence de son Créateur. L’amour fort et sans borne n’exclut pas dans un cœur le sentiment de sa petitesse. Réunis, ils constituent l’amour divin, l’acte d’adoration.

L’adoration réparatrice est une œuvre de foi ayant mission de réveiller la foi en ne s’appuyant que sur la foi. Notre vocation, c’est l’acte du Sacrifice de la messe continué par les membres du Sauveur à tous les moments du jour et de la nuit.

• Adorer avec Jésus

Jésus ne veut pas adorer seul, il veut que nous adorions avec lui.

Seigneur Jésus, adorateur suprême du Père, apprenez-moi à adorer, apprenez-moi l’adoration.

Mon Dieu ! Quelle vocation. De pauvres créatures adorer Dieu ! Oh, je vous adore et veux vous adorer éternellement. Je vous adore dans mon cœur, dans mon esprit, dans mon âme ; mon être tout entier vous adore, Seigneur-Jésus, dans la Sainte Eucharistie. Adorateur suprême de votre Père, unissez- moi à vous pour apprendre à adorer.

N’oublions pas que Jésus est là (dans l’Eucharistie) pour rendre à Dieu son Père l’adoration infinie qui lui est due, et que c’est seulement en nous unissant à Lui que nous pouvons apprendre à adorer en esprit et en vérité. Nous devons être là, avec Jésus, tout occupées d’adorer Dieu, de l’aimer, de le glorifier pour toutes les créatures qui ne lui rendent pas le culte qui lui est dû. Nous communions à la prière perpétuelle qu’il fait à son Père, et avec Lui nous pouvons dire : « Notre Père qui es aux cieux, que ton nom soit sanctifié, que ton règne vienne, que ta volonté soit faite sur la Terre comme au Ciel ». Nous nous unissons au mystère de louange que Jésus rend à son Père et auquel Il nous convie de prendre part.

Le mystère de l’Eucharistie doit nous rendre hosties pacifiques, hosties de louange, adoratrices perpétuelles en union avec Jésus adorateur suprême rendant gloire à son Père par sa prière éternelle.

Eh bien ! moi aussi, voici que je suis avec vous jusqu’à la consommation de mes jours ! Vous ne resterez plus seul en aucun temps. Ce sera mon occupation sur la terre de tenir compagnie au Fils de Dieu.

Il faut que nous l’adorions pour nous et pour cette multitude d’âmes qui ne l’adorent pas, pour toutes les créatures qui ne lui rendent pas le culte qui lui est dû. Jésus veut qu’un avec lui, nous puissions partager sa sublime mission pour suppléer à l’oubli et à l’ingratitude de la plupart des hommes.

Notre adoration et notre prière donnent gloire à Dieu notre Père, en manifestant visiblement les adorations du Verbe (incarné) caché dans l’Hostie sainte.

  • Sacrifice

Jésus, après le sacrifice, reste dans nos sanctuaires, en état de sacrifice.

Un avec Jésus comme il est un avec son Père, nous revenons la nuit consommer le sacrifice en nous offrant dans l’étendue des desseins de Dieu pour nourrir cette passion d’amour que nous adorons dans l’Hostie et, par la vertu qui sort d’elle, sauver nos frères.

Je ne suis pas cloîtrée, afin que ma mère la Sainte Église puisse plus facilement se servir de mon sacrifice en établissant une garde visible qui attire, par l’exemple, et donne confiance par la perpétuité de cet exemple.

Voilà notre vie, nous donner sans réserve à Dieu en unissant notre sacrifice à celui de Notre Seigneur au Saint Sacrement, nous oublier nous-mêmes pour ne penser qu’à la gloire de Dieu et au salut des âmes, sans autre moyen nécessaire que de tendre sans cesse à une union plus parfaite avec notre Jésus, dans son état d’adoration et de réparation permanent.

Glorifier Dieu en glorifiant l’humanité de son Fils, voilà notre but. Notre but c’est celui que Jésus-Christ a eu en renfermant sa puissance et sa grandeur sous les voiles eucharistiques (…) d’abord et avant tout, pour glorifier son Père.

L’œuvre eucharistique doit être plus passive encore que celle de Nazareth, s’il est possible; son action doit être plus mystérieuse ; ses élues (les religieuses de l’Adoration réparatrice) plus inconnues. Le sacrifice de règle est celui de Nazareth.

N’espérons pas remplir notre mission sans éprouver les saintes folies de la Croix, les mystérieuses obscurités des voiles eucharistiques.

  • Adoration réparatrice

L’adoration véritable est une réparation parfaite.

Jésus est le Réparateur suprême.

L’amour divin, vrai, sincère, est la source de toute réparation efficace pour le péché.

Notre vraie vocation consiste à s’immoler par amour. Amour et sacrifice ! Écrivez cela dans toutes les parties de votre être ; que ce soit le but de votre existence.

Réparer par amour ; et ce n’est qu’en demeurant unies à Notre Seigneur que vos peines, vos douleurs, vos sacrifices acquerront quelque valeur pour le bien des âmes.

Plutôt que de parler toujours de mourir à nous-mêmes, parlons de nous régénérer en retrouvant notre vie en Dieu.

La grande occupation est de réparer et non de détruire, de pacifier et non de troubler ; de soutenir et non d’ébranler ; enfin de donner l’espérance et l’amour et non de décourager.

• La vie cachée de Nazareth

Nul état de la vie mortelle du Sauveur ne se rapproche davantage de la vie eucharistique que celle de Nazareth : dans sa vie apostolique et souffrante, malgré ses humiliations, on peut encore dire de Lui : Voilà l’Homme ! Car II se montre pour instruire, et Il est exposé devant la foule quand on le crucifie. Mais à Nazareth, Il est caché, inconnu, et ceux qui le rencontrent dans l’exercice de sa vie publique et qui se rappelle l’avoir vu ouvrier ne parlent de Lui que pour s’étonner qu’un homme aussi obscur ait quelque vertu, quelque savoir : On n’avait conservé de cet homme que le souvenir de sa nullité. Quoi n’est-ce pas là le fils du charpentier ? Il semblé qu’il n’ait pas même de Nom ! Joseph, tout humble qu’il soit, a plus de relief que Jésus dans l’opinion du peuple de Nazareth. C’est que Jésus est une Hostie, un Pain Vivant, mais vivant sous des apparences de pauvreté, d’abjection, de soumission passive. Le Verbe incarné, à Nazareth et au Saint-Sacrement, est caché au milieu des siens.

Je comprends cette œuvre comme un christianisme parfait plutôt que comme une organisation nouvelle. Je la vois comme une société d’âmes simples, droites, conséquentes avec tous les principes qu’elles adopteront ; ces principes se résumeront à vivre de la vie eucharistique et à répandre cette vie comme Jésus lui-même nous en montre l’exemple dans le Très-Saint-Sacrement exposé. Il semble vouloir unir là le Thabor et le Calvaire pour former un esprit d’immolation glorieuse. Impassible sur son trône, Il communique à ses membres tous les mérites de sa Passion et la vertu de son Sacrement, et comme il veut être le tout de cet institut, il ne veut point d’autres formes, d’autres observances générales que celles qui réglaient la communauté de Nazareth.

Oh ! que je préfère voir mes Sœurs laver le linge sale que de les voir prendre des Sœurs converses pour les servir afin de pouvoir vaquer à la pénitence ! Le Fils de l’Homme est venu pour servir et non pour être servi… Nous nous servirons les unes les autres.

Aimer la vie cachée, c’est vraiment aimer l’état eucharistique de Notre Seigneur au Très Saint Sacrement. Pour se conformer à cet état tout divin et tout mystérieux, il faut contempler ses principaux caractères : Jésus dans l’Hostie est solitaire, silencieux, voilé, anéanti.

A la consécration, Jésus renouvelle le sacrifice du Calvaire ; dans l’hostie consacrée demeurant sur l’autel, Jésus renouvelle le mystère de son incarnation et de son immolation à Nazareth. Unies intimement à son état eucharistique, Il nous communique sa vertu pour nous tenir cachées sous des apparences ordinaires, et nous lui donnons nos sacrifices pour les âmes… Les sacrifices de Notre-Seigneur cachés dans l’humilité de sa vie de Nazareth sont infinis, ils ont tous les caractères de sa vie eucharistique, mais ils sont plus cachés encore, plus inconnus que ceux de son sacrement. Quelques-uns voient et croient par la foi les grandeurs de l’hostie ; dans la ville de. Nazareth nul ne croyait.

•   Notre zèle

Comment se pourrait-il faire que les enfants et les épouses de la Sainte Eucharistie n’eussent pas pour sève, pour vie, la charité de Dieu ? Notre Seigneur est la vigne, nous sommes les branches.

Le zèle de notre vocation, il faut bien le comprendre ; si nous nous trompions sur le genre de zèle qui doit nous animer, nous sortirions de la voie, nous perdrions l’étoile qui doit nous conduire à Bethléem vers Jésus petit et enveloppé de langes, vers Jésus voilé, caché dans l’Eucharistie ; notre zèle à nous, c’est de dire à l’obéissance le fiat de la Sainte-Vierge : c’est de nous présenter au Temple pour dire avec Jésus : « Me voici. Me voici encore et toujours pour faire la volonté de Dieu. » Après cette offrande totale de nous-mêmes, notre zèle consiste à attendre que Dieu se serve de nous, à croire qu’il s’en sert aussi bien quand Il nous laisse sans action que quand Il nous fait agir. Le zèle eucharistique, c’est d’être là devant Jésus-Hostie comme une fleur devant son soleil, ne laissant perdre dans aucune activité naturelle les divins rayons qui fécondent notre corolle et qui plus tard feront mûrir nos fruits. Et quand nos fruits seront mûrs, notre zèle nous les fera donner tous au divin Pasteur pour qu’il en nourrisse les brebis perdues.

Nous sommes filles de l’Église… déléguées pour adorer et prier en son nom. Nous devons avoir cette doctrine du zèle et de l’apostolat intérieur qui traite des intérêts de l’Église et des âmes dans la solitude de la vie d’union avec le Verbe incarné.

•   Rayonnement eucharistique

Votre action n’est pas limitée, elle peut aller jusqu’où le veut la miséricorde. Pas de lieux si lointains, si inconnus où vous ne puissiez porter la grâce réparatrice.

Cette parole : ‘Il sortait de lui une vertu’ me fait conclure en faveur de cette pensée qu’une âme qui croit en la Présence réelle peut être guérie, éclairée, touchée d’amour par le seul fait de cette présence.

Je vois dans nos maisons la tente que Jésus a voulu élever dans le désert pour que chacun pût s’y garantir des dangers, regarder le serpent d’airain pour être guéri, se réparer dans la retraite, se réchauffer près du divin Soleil. Nous devons non seulement adorer et réparer, mais encore entretenir un feu sacré d’amour toujours accessible à ceux qui ont froid, garder la source d’eau vive où ceux qui ont soif viendront se désaltérer. Nous sommes déléguées pour donner l’hospitalité spirituelle, pour faire les honneurs du grand festin… Servante du père de famille, la société eucharistique doit amener, les conviés aux noces divines… Oui, il fallait une école où les enfants de Dieu puissent venir apprendre à manger le pain céleste.

Notre mission est une sorte d’apostolat qui doit agir sur les autres âmes non seulement par le résultat de la prière (quoique ce soit là le principal moyen), mais encore par un contact et des rapports analogues à ceux que Jésus opère dans l’hostie. Là, sur son trône, Il est visible quoique sa vie soit cachée. Sans pouvoir distinguer son humanité voilée, l’œil trouve néanmoins un point où il se repose en son Sauveur et le cœur vient à son tour s’y fixer et s’y nourrir de son amour et de ses vertus. Les adoratrices sont aussi des points que l’âme de foi cherche et trouve avec bonheur parce qu’un des grands malheurs de l’homme, dit l’Esprit-Saint, est de combattre seul (…) L’âme de foi sait aussi que Notre Seigneur a dit : « Quand deux ou trois s’uniront ensemble pour prier, je serai au milieu d’eux. » Et sa foi s’augmente en priant avec, celles qui sont là visibles pour faire cette œuvre : de prier avec ceux qui prient et de prier pour ceux qui ne prient pas ; de souffrir avec ceux qui souffrent, afin que leurs douleurs les unissent avec la Victime suprême et les fassent hosties de propitiation ; de se réjouir avec ceux qui sont dans la joie et la consolation, pour que leur action de grâce s’élève plus ardente vers le Ciel et en fasse, dans le divin Cœur des hosties de louange.

En nous consacrant à sa garde (celle du Saint-Sacrement), nous sommes ainsi qu’il (le Christ) l’a souhaité pour ses amis privilégiés, les témoins de sa gloire afin qu’il se glorifie en nous.

Quand nous ne ferions autre chose par notre présence perpétuelle au Saint Lieu que d’attester la présence perpétuelle de Jésus au très saint-Sacrement (…), il me semble que nos existences seraient dignement et utilement employées”.

• Témoins de l’amour

Il faut que l’esprit de foi rayonne, éclate en toutes nos actions. Il faut que Jésus, la vraie lumière de nos âmes, brille en nous et par nous de toute la splendeur de son obéissance, de sa pauvreté, de sa mortification, de son amour incomparable pour l’humiliation, le silence et la vie cachée. Une âme unie à Dieu, c’est un feu qui embrase tout autour d’elle. Notre zèle consiste surtout à se mettre comme un morceau de bois sec dans le foyer d’amour de Jésus-Hostie et, au lieu de laisser briller pour soi-même, de le retirer quand il est bien allumé pour porter lumière et chaleur à d’autres cœurs.

Quand le feu est bien allumé, il flambe. On ne peut pas ne pas en sentir la chaleur, et les âmes seront attirées vers le foyer et elles discerneront à travers nos vies fraternelles la présence invisible de l’Amour incarné demeurant au milieu do nous dans son Eucharistie.

Communiant sans cesse à la source même de l’Amour, le Cœur doux et humble de Jésus, nous ferons passer cet amour dans tout le détail de notre vie. Notre vocation nous pousse à créer partout des relations de frères… Nous voulons préparer le monde à devenir Eucharistie. Nous le faisons par notre présence et notre action, notre accueil silencieux et notre prière, notre participation aux travaux des hommes voulant être partout facteurs d’unité. Ainsi nous travaillons à la consécration du monde.

Quoiqu’anéanti dans la Sainte Eucharistie, Jésus n’y est plus dans un état d’ignominie. Il est là sur un trône et nous l’adorons. Mais Dieu voulant associer la réparation à l’adoration, il nous fallait un signe sensible qui nous rappelât sa passion et notre vocation réparatrice. Et quoi de plus propre pour remplir ce but que la contemplation de la Ste Face? Dans cette dévotion et dans celle de la Ste Eucharistie, nous trouvons notre vocation tout entière.

•   Ceux qui sont loin

Le zèle, dit saint Thomas, c’est la flamme de l’amour. Il provient de l’intensité de l’amour. Le zèle est par lui-même expansif, c’est un feu qui se répand au-dehors pour procurer la gloire de Dieu et pour travailler au salut des âmes.

Si nous sommes fidèles à notre vocation, nous aimons l’âme du prochain comme nous aimons la nôtre, car notre vie est donnée à son service et nous ne croyons pas que ce soit trop pour lui obtenir le bien le plus désirable au monde, la grâce du repentir. Vous donnez donc pour lui tout ce que vous avez : vos prières, vos sacrifices, toute une existence de dévouement. Vous l’aimez comme vous aimez Dieu : de tout votre esprit, en ce que vous adorez pour lui et demandez à Dieu que le mérite de vos adorations retombe sur les âmes qui n’adorent pas. De tout votre cœur, en ce que vous vous donnez pour lui et c’est là la plus grande marque d’amour ; de toutes vos forces en ce que toutes vos actions, vos fatigues, vos sacrifices, tout est offert pour le salut de son âme.

• Vers l’adoration éternelle

Jésus, par cette œuvre d’adoration perpétuelle, apporte encore une fois le feu sur la Terre, et il ne veut pas autre chose sinon qu’il brûle. En nous exposant au rayonnement de cet invisible feu divin, nous nous laissons peu à peu transfigurer. ‘Nous tous qui, le visage découvert, réfléchissons comme en un miroir la gloire du Seigneur, nous sommes transformés en cette même image, toujours plus glorieuse, comme il convient l’action du Seigneur qui est Esprit.’ (II Cor. 3, 18.)

Adoration perpétuelle, c’est notre profession ; que notre corps soit ou non devant le Saint-Sacrement, notre âme unie à la Divine Hostie doit en elle et par elle rendre ce culte d’adoration à la Divine Majesté.

En présence de ce mystère la terre devient ciel (…) Je voyais qu’il n’y a aucune différence entre un sanctuaire où se trouve la Victime eucharistique et le ciel où les Anges adorent l’Agneau.

La cause de notre joie : l’Époux toujours là exposé fera comme malgré nous sentir à nos âmes la béatitude dont il est rempli (…) Le plus souvent la divine Présence mettra l’aise et la dilatation dans le cœur.


Voici quelques lettres (ou extraits de l’Esprit de l’Oeuvre) qui présentent la spiritualité de l’Adoration Réparatrice (cliquez ici)

Jésus, source d’eau vive

Si quelqu’un a soif, qu’il vienne à moi et qu’il boive » (Jn 7, 37). Jésus est une source d’eau vive. En Jésus seul se trouve l’eau vive et pure ! La science, la raison, la vertu même sont des routes qui conduisent à la source ; mais il faut se plonger dans la vie même de Jésus pour être purifié, pour être désaltéré.

C’est pourquoi Jésus a mis sa vie toute à notre portée… Ce n’est pas au figuré qu’il a dit : « Si quelqu’un a soif, qu’il vienne à moi et qu’il boive ». On peut, en fait, s’approcher et boire tout son Sang, et lorsque mon âme s’est en vérité enivrée de ce divin breuvage, si elle croit, elle devient elle-même un fleuve dans lequel coule l’eau vive de la grâce. « Ceux qui croient en moi, dit Jésus, ont dans leur sein des fleuves d’eau vive qui coulent toujours » (Jn 7, 38).

Jésus, source de vie, vous êtes mon bien, comment mourrais-je ? Oh ! vous aviez raison de dire que celui qui vous mangerait ne mourrait pas… C’est impossible que je meure, car je vous reçois au dedans de moi-même et je vous possède encore au dehors ; et quoique je ne sois qu’une pauvre femme incapable du sacerdoce, l’Église m’a donné la garde de la fontaine scellée, de la clé du sanctuaire, du tabernacle où est la source de vie ; non, je ne mourrai pas, et de mon sein même coulera aussi la vie, et ce ne seront pas mes œuvres qui produiront la vie que je communiquerai, mais la foi seule dans cette eau vive qui coule du Cœur de Jésus dans le mien. La foi que, dans le Sacrement d’amour, Dieu vit en Jésus et que Jésus vit en moi, suffit pour tout ; croyant cela, je porte en moi, comme le dit saint Jean, le témoignage de Dieu, et le témoignage de Dieu, alors, c’est la vie éternelle, car celui qui possède le Fils de Dieu a la vie en lui.

Misère humaine ! On cherche la vie partout, on interroge la science, on lit des livres, on s’adresse à l’expérience, on observe, on réfléchit, on regarde la création dans l’ordre moral et physique : tout cela pour augmenter sa vie ; et le principe de vie est là, il est à nous, et l’on boit à tous les ruisseaux pour étancher sa soif, dédaignant de boire à la source, et cela vient de ce que les yeux et tous les sens de l’âme sont fermés et ne savent pas distinguer ces gouttes de vie qui tombent dans le cœur quand on contemple la sainte Eucharistie… Que cela est triste de voir l’aveuglement des hommes qui se remuent sans cesse pour trouver des moyens de trouver Dieu tandis que le Divin Sacrement nous le donne si sûrement !… « Comment, disait Jésus à Philippe, vous me voyez depuis si longtemps et vous ne connaissez pas mon Père » (Jn 14, 9) !… Jésus pouvait dire aussi : « Celui qui me reçoit, reçoit Dieu » !…

Tout est ici mystérieux et voilé, je le comprends, et la science de la révélation est nécessaire ; mais une fois la croyance acquise de la présence réelle, c’est un plus grand mystère que le mystère lui-même qu’en présence du Fils de Dieu, Source d’eau vive, Pain vivant, Manne céleste, on ait besoin de moyens autres que Lui seul pour trouver la vie !

Mon divin Époux, hostie vivante, vous suffisez à mon cœur, à mon esprit ; vous avez tous les goûts, toutes les saveurs ; je veux mourir à toute autre beauté, à toute autre harmonie ; vous serez mon unique lumière, ma force et ma vertu ; vous serez mon ciel de la terre et mon ciel éternel.

(Lettre au Père Julliard, 22 novembre 1853)


Le dynamisme de l’Eucharistie

Voici ces trois jours de retraite terminés ; ils ont passé comme une heure. L’éternité ne sera pas trop longue pour suffire au bonheur de la présence de Dieu !… Ce court moment m’a fait du bien à l’âme et au corps ; je souffre du mal de désir, mais c’est un doux mal. Je veux languir et mourir ainsi, en me sacrifiant de plus en plus pour Dieu, pour Dieu seul !… Son amour et sa plus grande gloire doivent être ma vie. La résolution pratique que j’ai conservée de cette oraison de trois jours est un grand recueillement pour conserver, au moins par la foi et la volonté, la présence de Dieu et de Marie.

J’ai eu sur la Présence réelle de Notre Seigneur au Saint Sacrement des vues bien vives : je le voyais, Créateur et Sauveur, donnant perpétuellement la vie et réparant sans cesse la mort du péché. Je me tenais unie à la Sainte Vierge dans les sentiments qu’elle eut en recevant à Bethléem la présence et la possession de l’Homme Dieu ; je pensais que notre foi en la présence de l’Homme Dieu au Saint Sacrement est aussi fondée que celle qu’eut Marie sur l’identité de l’Homme Dieu et de l’Enfant Jésus. Je me trouvais aussi heureuse que Marie, et plus ma foi augmentait par cette contemplation, plus la face rayonnante de mon Bien-Aimé me brûlait de sa divine lumière ; elle s’abaissait vers moi de si près qu’elle m’absorbait : cela est inexprimable !…

Et Marie me regardait et jouissait de mon bonheur, et le dirais-je, aussi de celui de son Fils, car le grand abandon de mon amour semble plaire à sa divine Mère. J’ai un peu parlé à mes filles de la présence réelle, mais mon cœur sentait trop fort, mon esprit était trop ébloui ; je n’ai dit, il me semble que des banalités ; si je pouvais montrer un peu ce que j’éprouve, on recevrait pourtant un accroissement de foi.

En recevant la Sainte Hostie dans un sentiment d’amour très, très pénétrant, l’ayant encore dans la bouche, Notre Seigneur me dit seulement « Ma fille, je t’aime » ! Et je compris que tout cet amour qui brûlait en moi ne m’appartenait pas, que tout était à Lui, et je m’anéantis si profondément que je ne sentais plus que Lui seul, le seul Corps de Dieu.

(Lettre au Père Bertholon, 15 mai 1852)


L’Eucharistie soleil qui rayonne

De l’hostie je vois s’échapper des mondes, et je vois la pensée divine se complaire dans un atome qui, par une merveille suréminente, subsiste en présence de cette immensité qui le regarde sans le détruire, qui fait bien plus : elle fait en lui le prodige déjà opéré dans le pain avec des modifications qui le rendent à la fois hostie et ostensoir. Oh ! comment exprimer cette transformation mystérieuse opérée par l’homme Dieu Eucharistie dans sa pauvre servante ? Sans me détruire, il imprime en moi son existence, non en image, mais vivante, mais réelle, et des chaînes de feu et de lumière sortent visibles de ce point qui résume et contient ma foi, ma vie, mon éternité ; et jetées par la main de Dieu, elles aboutissent à mon cœur comme une ancre lancée sur un port ! Et doucement, mais fortement, la distance qui le sépare disparaît, et l’hostie et mon cœur ne sont qu’un, et je sais des choses que les bienheureux seuls apprennent au ciel ; et je puis sur terre ce que les saints ont pu. Et sans perdre de vue l’ostensoir de terre qui contient cette hostie inventée par la miséricorde, je sens en moi la béatitude, la gloire et la puissance de l’Humanité de mon divin Sauveur. J’admire sa vertu et en comprend l’efficacité ; j’adore les moyens et le but de son Incarnation et de sa Rédemption. Je m’identifie à ces mystères, les sentant se renouveler en moi ; je m’abandonne à toutes les opérations que le Verbe fait chair produit sur l’humanité ; je me laisse unir à Dieu. J’accepte le Thabor et le Calvaire ; je me livre à la purification des anéantissements de l’obéissance jusqu’à la mort de la Croix ; j’aspire et je veux les gloires et les joies de la Résurrection… Pourquoi ces grâces ?… Pourquoi le Seigneur a-t-il regardé ma bassesse ? Pourquoi depuis douze ans au moins, depuis surtout que ce songe a laissé dans mon âme cette image divine, suis-je ainsi comme une cire sur laquelle Dieu semble se plaire à imprimer tous les états de Jésus-Christ ? Pourquoi tant de lumières et tant d’anéantissement ? Tant de joie et tant de douleurs ? Pourquoi suis-je restée si misérable, si faible, après avoir reçu des enseignements si clairs, si doux, si positifs sur les vertus ? Comment puis-je exister avec des excès de souffrance et d’amour si prodigieux ?

Comment Dieu ne s’est-il pas lassé de mes infidélités, de mes stupides résistances ? Je pensais et je croyais bien, et j’ai pensé et cru cela souvent, que ces oppositions en moi existent précisément pour donner foi que je suis un instrument : Dieu a résolu de m’employer sans autre raison que, voulant être fondateur, supérieur d’une société eucharistique, il fallait que le premier instrument n’eût d’autre vertu, d’autre action que celles données aux âmes les plus ordinaires. Il ne fallait pas qu’on pût prendre les pensées de Dieu pour celles de sa créature. Oh ! quand le Seigneur, dans l’oraison reflète en mon cœur l’humilité, la douceur, la simplicité, la droiture, le dévouement, le zèle qu’il veut demander aux fils et aux filles du Saint Sacrement, je n’ai pas besoin de réflexions pour discerner que toutes ces vertus sont celles que le divin Fondateur exige. Si je les réclame, si je dis : « Ceux qui ne sont pas disposés à les pratiquer ne sont pas propres à fonder, à développer cette société tout évangélique », je parle au nom de Dieu et je me condamne : je glorifie Dieu par ma propre abjection… Ma nullité est comme celle de la substance du pain : une parcelle devenue Dieu suffirait pour nourrir des millions d’âmes ; la pauvre voix d’une pécheresse peut communiquer la vérité, mon cœur brûlant de l’amour divin peut en réchauffer d’autres. Jésus vivant en elle peut lui donner un don de vie. Ce n’est pas la main qui sème qui est le principe de la plante qui porte le fruit… Il est certain que ma pauvre âme a reçu un dépôt grand, précieux : c’est la connaissance du mystère eucharistique, c’est la foi sensible au cœur, comprise par les vues de l’âme, de ce que produit la présence du pain consacré au Corps et au Sang du Rédempteur divin… Oh ! cette Présence ! Elle produit en moi de tels effets qu’après les avoir contemplés, on demeure interdite ; non seulement à cause de ces merveilles, mais surtout à cause de l’ignorance des chrétiens qui négligent un si grand bien ! Oh ! Oui, la parole de Dieu est un moyen admirable, mais la plupart du temps la parole du Verbe est défigurée, tronquée et seulement capable de frapper les sens grossiers de l’homme. Mais les regards du Verbe ne parlent- ils pas toujours dans l’hostie exposée visiblement ?

Quelle créature, si elle est seulement présente, peut échapper à l’action vivifiante et brûlante du soleil ? Quelle âme, sous le regard de Jésus, peut se soustraire à son influence ?

Oh ! si vous connaissiez le don divin (Jn 4,10) ! Si vous saviez quel est celui qui vous regarde à travers ce voile ! Placez-vous là, devant l’eucharistie ; n’y faites rien. Oh ! n’importe, une vertu sortira de Lui. La puissance divine peut-elle rester captive en présence d’un besoin qui attend ?

(Lettre au Père Julliard, 24 novembre 1853)


Jésus en quête d’adorateurs

Jésus ne veut pas adorer seul. Il veut que nous adorions avec Lui. Il veut qu’un avec Lui, nous puissions partager sa mission. Sans doute ses adorations pouvaient suffire à la gloire de Dieu sur la terre ; mais, aimant les hommes avec excès, le Seigneur veut qu’ayant été faits ses enfants par le baptême, et cohéritiers de son Fils bien-aimé, nous soyons élevés à cette prérogative d’adorateurs, avant même d’avoir été dépouillés de notre chair mortelle. Il le veut, parce que Jésus le lui a demandé quand il lui a dit : « Mon Père, je désire que là où je suis, ceux que vous m’avez donnés soient aussi avec moi » (Jn 17,24). Et aussi « Qu’ils soient un comme nous sommes un » (Jn 17,11 & 22). On pourrait citer la prière sacerdotale tout entière pour montrer que c’est la volonté de Dieu et le vœu de Jésus d’avoir des âmes vivant uniquement de la vie divine par l’amour et la manducation1 du Pain qui donne la vie éternelle.

Notre but en nous réunissant autour de Jésus est surtout de nous unir si parfaitement à lui, que notre adoration et notre prière donnent gloire à Dieu notre Père, en manifestant visiblement les adorations du Verbe caché dans l’hostie sainte.

Notre but est de demeurer là, en permanence pour adorer au nom de l’humanité toute entière. Comme Jésus ne paraît pas, Il veut autour de lui des délégués qui, quoique mortels encore, participent cependant par la grâce de vocation à son immutabilité.

Par sa consécration on se donne et on reste là, dans la sublime immobilité de Jésus. Et cela, non pour un jour ou une année, mais toujours, jusqu’à ce que la mort nous conduise au sanctuaire éternel où nous ne ferons pas autre chose que ce que nous faisons ici-bas ! Glorifier Dieu en glorifiant l’Humanité Sainte de son Fils.

Quand nous ne ferions autre chose par notre présence perpétuelle au saint lieu que d’attester la Présence perpétuelle de Jésus au Saint Sacrement ; quand nous n’aurions d’autre occupation que celle d’entretenir ces lumières, symboles du feu de l’amour dont toute créature doit être animée pour son Créateur, quand nous ne prononcerions d’autres paroles que celle-ci « Dieu est là », nos existences seraient utilement employées. Je ne vois pas qu’aucune mission sur la terre soit plus honorable pour une pauvre créature que de se constituer témoin de la Présence Réelle de Jésus-Christ dans l’Eucharistie. Peut-on concevoir une félicité plus grande que de pouvoir répondre à son Dieu quand II dit : « Voici que je suis avec vous jusqu’à la consommation des siècles » (Mt 28, 20), eh bien ! moi aussi, voici que je suis avec vous jusqu’à la consommation de mes jours !… Vous ne resterez plus seul en aucun temps ; ce sera mon occupation sur la terre de tenir compagnie au Fils de Dieu.

(Lettre au Père Julliard, 22 décembre 1853)


Entretenir un feu d’amour

Nous sommes réunies pour adorer et réparer comme déléguées de l’Église, avec et comme les autres fidèles, visibles, humbles, simples.

Je vois dans nos maisons la tente que Jésus a voulu élever au désert, pour que chacun pût regarder le serpent d’airain pour être guéri (Nb 21, 8 ; 8, 9), se réparer dans la retraite, se réchauffer près du Divin Soleil ! Nous sommes déléguées non seulement pour adorer et réparer, mais encore pour entretenir un feu sacré d’amour, toujours accessible à ceux qui ont froid ; pour garder la source d’eau vive où ceux qui ont soif viendront se désaltérer. Nous sommes déléguées pour donner l’hospitalité spirituelle, pour faire les honneurs du grand festin ! C’est donc un devoir, un besoin de vocation pour nous, de conserver dans tous nos règlements, toutes nos coutumes, ce qui est simple, facile et très humble. Nous sommes les pauvres servantes du Père de famille destinées à aller chercher, à accueillir, à aider d’autres pauvres que le Seigneur conviera au festin eucharistique.

Cette pensée, toute d’amour et de miséricorde, doit nous tenir en garde contre les exagérations de séparation et de recueillement. Notre but n’est pas de nous retirer du monde, mais d’attirer le monde ; de sacrifier au zèle de l’amour, certaines douceurs, certaine sécurité, que les murs ou les grilles d’une vertu austère nous donneraient. C’est pour nous comme pour les apôtres que Notre Seigneur a fait cette prière : « Père Saint, je ne vous prie pas de les ôter du monde, mais de les préserver du mal » (Jn 17, 15) !

Notre mission est une sorte d’apostolat qui doit agir sur les autres âmes ; non seulement par le résultat de la prière permanente (quoique ce soit là le principal moyen), mais encore par un contact et des rapports analogues à ce que Jésus opère dans l’hostie. Là, Il est visible quoique sa vie soit cachée. Sans pouvoir distinguer son humanité voilée, l’œil trouve néanmoins un point où il se repose en son Sauveur, et le cœur vient à son tour s’y fixer et s’y nourrir de son amour.

(Esprit de l’Œuvre, p. 19-Mars 1858)


A une aspirante à la vie religieuse

Ma chère fille, Rappelez-vous souvent cette parole de la Sainte Écriture « La beauté de l’Épouse du Roi est tout intérieure » (cf Ps 44, 14). Ce n’est pas le vêtement et tout l’extérieur de la vie religieuse qui plaisent à Dieu ; ce sont des symboles et des moyens utiles quand ils entrent dans la volonté du Seigneur, mais la véritable parure qui attire le regard d’amour de notre Sauveur, c’est l’humilité, la soumission à l’ordre de la Providence toujours adorable ; c’est cet esprit de foi qui sait distinguer les moyens de la fin et nous donne lumière pour changer, par la pureté d’intention, une chose sans valeur par elle-même, en acte parfait.

Vous me dites que ces deux mots « Amour et Sacrifice » vous sont entrés bien avant dans le cœur ; gravez-les aussi dans votre volonté ; faites-en comme un cachet qui marquera tout ce que vous produirez du sceau de la réparation. Oh ! que de choses dans le monde qui paraissent jouissances et qui se changent pour l’âme réparatrice en véritables sacrifices que l’on peut offrir au Cœur divin pour qu’il les convertisse en ses mérites ! Notre Seigneur disait : « Le temps est venu où Dieu veut des adorateurs en esprit et en vérité » (Jn 4, 23). Si vous comprenez bien cette parole, elle vous consolera et vous fortifiera souvent. Vous montrerez simplement le fond de votre cœur à votre Père céleste et vous lui direz : « Père Saint, vous voyez que tout ceci, je le fais pour votre amour !… »

Qu’est-ce que la vraie adoration ? L’amour qui s’abaisse jusqu’à l’anéantissement, jusqu’à l’oubli de soi pour reconnaître le souverain domaine de Dieu. Cet acte, il est indépendant d’un exercice appelé oraison, adoration ; dans une âme contemplative, il est permanent, il devient perpétuel : Adoration perpétuelle, c’est notre profession. Que notre corps soit ou non devant le Très Saint Sacrement, notre âme, unie à la divine Hostie, doit en elle et par elle, rendre ce culte d’adoration à la divine majesté.

Mais surtout, ma chère fille, gardez-vous dans ces actes extérieurs, de la contrainte et de la tension d’esprit ; soyez simplement attentive comme Marie, au milieu des occupations simples et ordinaires de Nazareth, à regarder Jésus faisant avec vous et comme vous, tout ce qui doit se faire dans la vie de famille.

(Lettre à Mademoiselle d’Hulst, 3 octobre 1857)


Élan d’adoration

Mon Dieu ! Quelle vocation ! De pauvres créatures adorer Dieu !… Oh, je vous adore et je veux vous adorer éternellement ! Je vous adore dans mon cœur, dans mon esprit, dans mon âme ! Mon être tout entier vous adore ! Je vous adore dans la Sainte Eucharistie ! Seigneur Jésus, Adorateur suprême de votre Père, apprenez-moi à adorer, apprenez-moi l’adoration ; faites que je m’unisse à vous pour adorer !

Adorer,             c’est l’amour abaissé, anéanti, souffrant ;

c’est l’amour obéissant, priant, compatissant ;

c’est l’amour soupirant ;

c’est l’amour aspirant, unissant, déifiant ;

c’est l’amour abandonné à l’Amour.

Mon Dieu, je m’abandonne toute à vous ; purifiez-moi afin que je m’unisse à ma fin ! Je me perds en vous comme une goutte d’eau dans l’océan. Vous êtes mon immensité, mon bonheur infini, ma fin, mon amour, mon éternité !

Je ne puis pas aimer comme je dois, mon cœur est trop petit ; il faudrait être morte pour cela. Oh ! Quand mourrai-je ?… Mais non, je ne veux pas mourir, je ne veux pas quitter la Sainte Eucharistie. Vous me l’avez donnée, je ne veux pas la quitter. Jésus ! Vous êtes le Pain d’Amour !

(Esprit de l’Œuvre p. 128 ; 1852)