Bienheureuse Dina Bélanger (1898-1929)

Née à Québec, la jeune Dina s’éprend rapidement de Jésus. « Jésus m’a mise sur la terre pour ne m’occuper que de lui », écrit-elle dans son Autobiographie (5édition, Québec, 1995). À quatorze ans, elle se consacre à Dieu en faisant une promesse privée de virginité. Douée pour la musique, elle devient, à vingt-quatre ans, une élégante pianiste de concert. Elle entre au couvent Jésus-Marie de Sillery et y fait profession, en 1923, sous le nom de Marie Sainte-Cécile de Rome.

Si les âmes comprenaient quel trésor elles possèdent dans la divine Eucharistie, il faudrait protéger les tabernacles par des remparts inexpugnables; car, dans le délire d’une faim sainte et dévorante, elles iraient elles-mêmes se nourrir de la Manne des Séraphins. Les églises, la nuit comme le jour, déborderaient d’adorateurs se consumant d’amour pour l’auguste prisonnier.

Mon Coeur pense continuellement aux âmes, et la plupart des âmes ne s’occupent pas de moi! Je cherche une âme qui représente l’humanité entière, une âme à qui je puisse accorder la grâce de penser continuellement à Dieu. Je me suis substitué à toi; ma petite Moi-même, je te choisis pour cette âme. Je veux faire passer en ton néant ma pensée éternelle de Dieu.

Une âme ne peut pas s’approcher de mon Coeur sans être heureuse, parce que je suis le foyer de la joie et du bonheur. Même dans les moments où j’associe une âme le plus intimement à ma passion et à mes souffrances, je sais changer pour elle en douceurs toutes les amertumes.

Le Coeur eucharistique m’attire de plus en plus en l’Hostie. Rien qu’à passer près de la chapelle, je sens une force irrésistible qui m’invite. Auprès du tabernacle, j’éprouve une joie que je ne sais pas définir. Quand le Saint-Sacrement est exposé, je suis tout envahie et comme paralysée par ce doux Coeur eucharistique. Quand je quitte la chapelle, il me faut m’arracher à ce divin Prisonnier. Pourtant, je ne cesse pas d’habiter en lui; tout cela se passe dans le Coeur de la Très Sainte Trinité, immensément loin de la terre; mais enfin, Jésus veut me faire jouir de lui en son Eucharistie et me faire souffrir l’ennui loin de son Hostie sainte.

Autobiographie p 273, 11 juin 1926

Adoration et salut

Un premier vendredi du mois, le Saint-Sacrement étant exposé, durant mon adoration privée, il me sembla voir une multitude d’âmes qui couraient à leur perte éternelle. Quelques-unes étaient sur le bord de l’abîme; elles allaient tomber. Jésus me dit que je pouvais sauver ces dernières en priant pour elles avec ferveur, en Lui offrant de petits sacrifices, par amour; ce que je fis immédiatement. Alors, je vis ces âmes, vaincues par la grâce divine, abandonner le camp du démon.

Chaque matin, à mon action de grâces, le doux Sauveur me déterminait un nombre d’âmes à lui conquérir dans la journée. Maintenant, le chiffre n’en est plus fixé: je les lui demande toutes; je voudrais les plonger, sans exception, dans son Sang précieux, je voudrais, par l’application de ses mérites, fermer l’enfer à jamais. Sa miséricorde est infinie. Notre Rédempteur a soif de pardonner et d’oublier. Il n’attend souvent qu’un geste ou une pensée d’amour de notre part pour accorder à tel ou tel pécheur la grâce extraordinaire qui l’arrachera des mains de Satan.

Autobiographie, Vol I, page 201

Mon Coeur Eucharistique a deux grands désirs dont l’ardeur le ferait mourir à tout instant s’Il pouvait mourir encore: le désir de régner dans les âmes par l’amour, et le désir de donner aux âmes l’immensité de ses grâces. Épouse de mon Coeur, soulager l’un ou l’autre de mes désirs, c’est renouveler chaque fois la joie qu’a éprouvée mon Coeur Eucharistique, en instituant l’adorable sacrement.

11 juin 1929

Sacré-Coeur dans l’Eucharistie et Coeur Immaculé de Marie

Notre-Seigneur, Homme-Dieu, me fit voir son Coeur adorable dans l’Hostie sainte. Je ne regardai pas son Visage sacré, mais son Coeur et l’Hostie me captivaient. Les deux, son Coeur et l’Hostie, étaient parfaitement unis, tellement l’un dans l’autre que je ne puis pas expliquer comment il m’était possible de les distinguer l’un de l’autre. De l’Hostie, émanait une immensité de rayons de lumière. De son Coeur, jaillissait une immensité de flammes, lesquelles s’échappaient comme en torrents pressés. La Très Sainte Vierge était là, si près de Notre-Seigneur qu’elle était comme absorbée par lui et, pourtant, je la voyais distinctement de lui. Oh ! qu’elle était pure!

Toutes les lumières de l’Hostie et toutes les flammes du Coeur de Jésus passaient par le Coeur immaculé de la Très Sainte Vierge. Notre-Seigneur me dit: Oui, faites-moi régner à Jésus-Marie. À cette vue, à ces paroles, toujours intérieurement, à genoux, je tombai prosternée, comme anéantie d’amour en présence de mon Dieu, et avec un accent de supplication que je ne connaissais pas, je dis: «ô Coeur Eucharistique de Jésus, je t’en supplie, par Notre-Dame du Coeur Eucharistique, règne dans toutes les âmes comme tu le veux.

Notre-Seigneur me fit voir ensuite, un peu au-dessous de lui et de sa Mère très pure, toutes les religieuses de Jésus-Marie réunies comme dans une plaine. Les lumières de l’Hostie et les flammes de son Coeur Sacré, passant par le Coeur de la Sainte Vierge, descendaient sur les religieuses de notre Congrégation et, des religieuses, elles rayonnaient sur une multitude incalculable d’âmes qui, de tous côtés, les entouraient à perte de vue et se tenaient tournées vers elles. Notre-Seigneur me dit: Mon coeur déborde de grâces pour les âmes. Amenez-les à mon Coeur Eucharistique.

De plus, la Très Sainte Vierge attirait toutes les âmes vers elle pour les conduire au Coeur eucharistique. Enfin, je vis une multitude innombrable d’anges autour du Coeur eucharistique, une multitude aussi à perte de vue. En leur langage céleste, ils répétaient: GLOIRE AU ROI IMMORTEL DES SIÈCLES!

4 juin 1928

Ce matin, à la fin de ma méditation, j’ai compris soudainement et clairement que mon devoir maintenant, et mon emploi dans l’éternité, jusqu’à la fin du monde, est et sera de rayonner, par la Très Sainte Vierge, le Coeur de Jésus sur toutes les âmes.

20 juin 1926

Eucharistie: Aimant Divin

Le Cœur eucharistique m’attire de plus en plus en l’Hostie. Rien qu’à passer près de la chapelle, je sens une force irrésistible qui m’invite. Auprès du Tabernacle, j’éprouve une joie que je ne sais pas définir. Quand le Saint-Sacrement est exposé, je suis tout envahie et comme paralysée par ce doux Cœur eucharistique. Quand je quitte la chapelle, il me faut m’arracher au divin prisonnier…

La présence de Jésus dans le tabernacle doit constituer comme un pôle d’attraction pour un nombre toujours plus grand d’âmes pleines d’amour pour lui et capables de rester longuement à écouter sa voix et à entendre presque les battements de son cœur”

St Jean-Paul II, Mane nobiscum, Domine, « Reste avec nous Seigneur », 2004

Ingratitudes envers le Saint-Sacrement

Jésus cherche des âmes qui le consolent. Son Coeur Eucharistique souffre. Oh! comme il souffre ! Il désire des âmes entièrement livrées à son amour… Jésus souffre… Combien peu d’âmes comprennent la plainte de son Coeur au tabernacle ! Plusieurs l’entendent; bien peu, hélas la comprennent.

Ah! que les plaintes de Jésus sont déchirantes! Comme Il souffre, le Captif silencieux de nos tabernacles, emprisonné jour et nuit par l’amour ! Ma plus grande douleur devint alors celle de la souffrance du Coeur Eucharistique. Dans l’ordre naturel, toute âme bien née ne peut voir ceux qu’elle chérit victimes de l’affliction ou de l’opprobre sans au moins être émue. Comment rester insensible quand c’est Jésus qui est délaissé et méprisé !

Vol I, p 203

(Il est vrai que Notre-Seigneur, dans l’Hostie, ne peut pas souffrir depuis sa Résurrection; mais l’outrage, le mépris, la haine, l’oubli, l’indifférence, l’ingratitude l’atteignent quand même et blessent son Coeur eucharistique…

Depuis sa résurrection, le Christ jouit d’une béatitude parfaite; Il n’est nullement prisonnier dans les tabernacles et n’est point blessé par les péchés des hommes. Cependant, quand les âmes contemplatives voient Notre-Seigneur souffrant, et même se plaignant à elles des péchés et des ingratitudes des hommes, ce n’est point une illusion. Jésus, dans sa douloureuse Passion, a souffert de tous les outrages et de toutes les ingratitudes qui devaient Lui être prodigués au cours des siècles, dans son sacrement d’amour. C’est cette souffrance, et spécialement celle qui provient des péchés commis actuellement, qu’Il fait partager à ses plus fidèles amis. Ceux-ci ont alors l’impression que Jésus souffre actuellement. Ils voient, actuellement Jésus tel qu’il a souffert dans son agonie, et ils sont appelés, actuellement à compatir à ses souffrances et à les partager. On pense que l’ange qui consola Notre-Seigneur au jardin des Oliviers le fit en lui montrant toutes les âmes fidèles qui, jusqu’à la fin du monde, devaient compatir à ses souffrances. On peut dire aussi que Notre-Seigneur souffre des outrages des hommes comme le bon Dieu en souffre (ne dit-on pas que le péché fait de la peine au bon Dieu), en ce sens qu’Il déteste le péché et qu’il agit vis-à-vis de lui comme s’il en souffrait. Comme l’expliquera le pape Pie XI en 1928, à Gethsémani, au travers d’« un ange qui le réconfortait» (Lc 22, 44), Jésus, dans sa prescience divine, a vu à l’avance nos efforts futurs pour le consoler et sa solitude, ce soir-là, y a puisé un réel réconfort.)


Poèmes eucharistiques

A mon hostie du lendemain

Quand le jour est sur son déclin, 
De ton Hostie, Jésus, j’ai faim ! 
De ton cœur dans l’Eucharistie, 
Principe d’amour et de vie, 
Que j’ai faim !

Dès le soir jusqu’au lendemain, 
Ah! je m’écrie: “Mon Dieu, j’ai faim !” 
Jésus, je t’appelle, en l’Hostie, 
La nuit est comme une agonie 
Tant j’ai faim !

Quand l’aurore s’éveille enfin, 
Maître adorable, je meurs de faim ! 
je cours à la divine Table, 
Te chercher, Froment ineffable, 
Dans ma faim.

Tu satisfais, chaque matin, 
Manne infinie, Ma grande faim; Merci ! 
Toujours, je t’en supplie, 
Prends pitié, sainte Eucharistie, 
De ma faim.

Prête moi ton cœur

En ton cœur pur, Marie, Ô Vierge unique, 
Je viens puiser le plus parfait amour,
Pour réjouir le Cœur Eucharistique, 
Ah ! Prête-moi tes ardeurs, sans retour.

En ta sainte âme, Ô fournaise mystique, 
Je viens puiser l’amour adorateur, 
Pour rendre hommage au Cœur Eucharistique, 
Vierge d’amour, ah ! Prête-moi ton Cœur.

Notre-Dame, abîme séraphique, 
Je viens puiser l’amour réparateur, 
Pour consoler le Cœur Eucharistique, 
Mère d’amour, ah ! Prête-moi ton Cœur.

Auprès de toi, Souveraine angélique, 
Je viens puiser l’amour imitateur, 
Pour copier le Cœur Eucharistique, 
Reine d’amour, ah ! Prête-moi ton Cœur !

Pour aller plus loin avec Paulette Leblanc (cliquez ici)