36. La prière comme moyen pour puiser toujours à nouveau la force du Christ devient ici une urgence tout à fait concrète. Celui qui prie ne perd pas son temps, même si la situation apparaît réellement urgente et semble pousser uniquement à l’action. La piété n’affaiblit pas la lutte contre la pauvreté ou même contre la misère du prochain. La bienheureuse Teresa de Calcutta est un exemple particulièrement manifeste que le temps consacré à Dieu dans la prière non seulement ne nuit pas à l’efficacité ni à l’activité de l’amour envers le prochain, mais en est en réalité la source inépuisable.
37. Le moment est venu de réaffirmer l’importance de la prière face à l’activisme et au sécularisme dominant de nombreux chrétiens engagés dans le travail caritatif. Bien sûr, le chrétien qui prie ne prétend pas changer les plans de Dieu ni corriger ce que Dieu a prévu. Il cherche plutôt à rencontrer le Père de Jésus Christ, lui demandant d’être présent en lui et dans son action par le secours de son Esprit. La familiarité avec le Dieu personnel et l’abandon à sa volonté empêchent la dégradation de l’homme, l’empêchent d’être prisonnier de doctrines fanatiques et terroristes. Une attitude authentiquement religieuse évite que l’homme s’érige en juge de Dieu, l’accusant de permettre la misère sans éprouver de la compassion pour ses créatures. Mais celui qui prétend lutter contre Dieu en s’appuyant sur l’intérêt de l’homme, sur qui pourra-t-il compter quand l’action humaine se montrera impuissante ?
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1. Sacrement de l'amour, (1) la sainte Eucharistie est le don que Jésus Christ fait de lui-même, nous révélant l'amour infini de Dieu pour tout homme. Dans cet admirable Sacrement se manifeste l'amour « le plus grand », celui qui pousse « à donner sa vie pour ses amis » (Jn 15, 13). En effet, Jésus « les aima jusqu'au bout » (Jn 13, 1). Par cette expression, l'Évangéliste introduit le geste d'humilité infinie accompli par Jésus: avant de mourir pour nous sur la croix, se nouant un linge à la ceinture, il lave les pieds de ses disciples. De la même manière, dans le Sacrement de l'Eucharistie, Jésus continue de nous aimer « jusqu'au bout », jusqu'au don de son corps et de son sang. Quel émerveillement dut saisir le cœur des disciples face aux gestes et aux paroles du Seigneur au cours de la Cène! Quelle merveille doit susciter aussi dans notre cœur le Mystère eucharistique!
La nourriture de la vérité : 2. Dans le Sacrement de l'autel, le Seigneur vient à la rencontre de l'homme, créé à l'image et à la ressemblance de Dieu (cf. Gn 1, 27), se faisant son compagnon de route… Dans le Sacrement de l'Eucharistie, Jésus nous montre en particulier la vérité de l'amour, qui est l'essence même de Dieu. C'est cette vérité évangélique qui intéresse tout homme et tout l'homme. Par conséquent, l'Église, qui trouve dans l'Eucharistie son centre vital, s'engage sans cesse à annoncer à tous, à temps et à contretemps (cf. 2 Tm 4, 2), que Dieu est amour. (4) C'est justement parce que le Christ s'est fait pour nous nourriture de la Vérité que l'Église s'adresse à l'homme, l'invitant à accueillir librement le don de Dieu.
5. « Le Dieu incarné nous attire tous à lui. À partir de là, on comprend maintenant comment agapè est alors devenue aussi un nom de l'Eucharistie: dans cette dernière, l'agapè de Dieu vient à nous corporellement pour continuer son œuvre en nous et à travers nous ». (12)
10. En instituant le sacrement de l'Eucharistie, Jésus anticipe et intègre le Sacrifice de la croix et la victoire de la résurrection… L'institution de l'Eucharistie montre en effet que cette mort, en soi violente et absurde, est devenue en Jésus un acte suprême d'amour et pour l'humanité une libération définitive du mal.
11. L'Eucharistie nous attire dans l'acte d'offrande de Jésus. Nous ne recevons pas seulement le Logos incarné de manière statique, mais nous sommes entraînés dans la dynamique de son offrande ». (21) Il « nous attire en lui ». (22) La conversion substantielle du pain et du vin en son corps et en son sang met dans la création le principe d'un changement radical, comme une sorte de « fission nucléaire », pour utiliser une image qui nous est bien connue, portée au plus intime de l'être, un changement destiné à susciter un processus de transformation de la réalité, dont le terme ultime sera la transfiguration du monde entier, jusqu'au moment où Dieu sera tout en tous (cf. 1 Co 15, 28).
15. L'Eucharistie est donc constitutive de l'être et de l'agir de l'Église. C'est pourquoi l'Antiquité chrétienne désignait par la même expression, Corpus Christi, le corps né de la Vierge Marie, le Corps eucharistique et le Corps ecclésial du Christ.
27. « L'Eucharistie est le sacrement de notre rédemption. C'est le sacrement de l'Époux, de l'Épouse ». (84) Du reste, « toute la vie chrétienne porte le signe de l'amour sponsal du Christ et de l'Église.»
Adoration et piété eucharistique
La relation intrinsèque entre célébration et adoration : 66. Un des moments les plus intenses du Synode a eu lieu lorsque nous nous sommes réunis dans la basilique Saint-Pierre, avec de nombreux fidèles, pour l'adoration eucharistique. Par ce geste de prière, l'Assemblée des Évêques a voulu attirer l'attention, et non seulement par des paroles, sur l'importance de la relation intrinsèque entre célébration eucharistique et adoration. Dans cet aspect significatif de la foi de l'Église, se trouve l'un des éléments décisifs du chemin ecclésial, réalisé après la réforme liturgique voulue par le Concile Vatican II. Alors que la réforme accomplissait ses premiers pas, le rapport intrinsèque entre la Messe et l'adoration du Saint-Sacrement ne fut parfois pas assez clairement perçu. Une objection alors diffuse se faisait jour, par exemple, dans l'affirmation selon laquelle le Pain eucharistique ne nous serait pas donné pour être contemplé, mais pour être mangé. En réalité, à la lumière de l'expérience de prière de l'Église, une telle opposition se révélait privée de tout fondement. Déjà saint Augustin avait dit: « nemo autem illam carnem manducat, nisi prius adoraverit;... peccemus non adorando – Que personne ne mange cette chair sans d'abord l'adorer;... nous pécherions si nous ne l'adorions pas ». Dans l'Eucharistie, en effet, le Fils de Dieu vient à notre rencontre et désire s'unir à nous; l'adoration eucharistique n'est rien d'autre que le développement explicite de la célébration eucharistique, qui est en elle-même le plus grand acte d'adoration de l'Église. Recevoir l'Eucharistie signifie se mettre en attitude d'adoration envers Celui que nous recevons. C'est ainsi, et seulement ainsi, que nous devenons un seul être avec Lui et que nous goûtons par avance, d'une certaine façon, la beauté de la liturgie céleste. L'acte d'adoration en dehors de la Messe prolonge et intensifie ce qui est réalisé durant la Célébration liturgique elle-même. En fait, « ce n'est que dans l'adoration que peut mûrir un accueil profond et vrai. Et c'est bien par cet acte personnel de rencontre avec le Seigneur que mûrit ensuite la mission sociale qui est renfermée dans l'Eucharistie et qui veut briser les barrières non seulement entre le Seigneur et nous, mais aussi et surtout les barrières qui nous séparent les uns des autres ».
La pratique de l'adoration eucharistique : 67. Avec l'assemblée synodale, je recommande donc vivement aux Pasteurs de l'Église et au peuple de Dieu la pratique de l'adoration eucharistique, qu'elle soit personnelle ou communautaire. (194) À ce propos, une catéchèse adaptée, dans laquelle on explique aux fidèles l'importance de cet acte du culte qui permet de vivre plus profondément et avec davantage de fruit la célébration liturgique elle-même, sera d'une grande utilité. Dans les limites du possible, surtout dans les zones les plus peuplées, il conviendra de réserver tout spécialement à l'adoration perpétuelle des églises et des chapelles. En outre, je recommande que dans la formation catéchétique, en particulier dans les parcours de préparation à la Première Communion, les enfants soient initiés au sens et à la beauté du fait de se tenir en compagnie de Jésus, en cultivant l'admiration pour sa présence dans l'Eucharistie. Je voudrais ici exprimer mon admiration et mon soutien envers tous les Instituts de vie consacrée, dont les membres vouent une partie significative de leur temps à l'adoration eucharistique. De cette façon, ils offrent à tous l'exemple de personnes qui se laissent transformer par la présence réelle du Seigneur. Je désire également encourager les associations de fidèles, de même que les confréries, qui accomplissent cette pratique comme leur tâche particulière, devenant ainsi ferment de contemplation pour toute l'Église et rappel de la place centrale du Christ pour la vie des personnes et des communautés.
Les formes de dévotion eucharistique : 68. Le rapport personnel que chacun des fidèles instaure avec Jésus, présent dans l'Eucharistie, le renvoie toujours à l'ensemble de la communion ecclésiale, en nourrissant en lui la conscience de son appartenance au Corps du Christ. C'est pourquoi, outre le fait d'inviter chaque fidèle à trouver personnellement du temps à passer en prière devant le Sacrement de l'autel, il est de mon devoir de solliciter les paroisses elles-mêmes et les autres groupes ecclésiaux pour que soient promus des moments d'adoration communautaire. Évidemment, les formes déjà existantes de dévotion eucharistique conservent toute leur valeur. Je pense, par exemple, aux processions eucharistiques, surtout à la traditionnelle procession de la solennité du Corpus Domini, à la pieuse pratique des Quarante-Heures, aux congrès eucharistiques locaux, nationaux ou internationaux, et aux autres initiatives analogues. Opportunément rénovées et adaptées aux diverses circonstances, de telles formes de dévotion méritent d'être aujourd'hui encore cultivées. (195)
Eucharistie et mission : 84. Dans l'homélie de la célébration eucharistique par laquelle j'ai commencé solennellement mon ministère sur la Chaire de Pierre, j'ai dit: « Il n'y a rien de plus beau que d'être rejoints, surpris par l'Évangile, par le Christ. Il n'y a rien de plus beau que de le connaître et de communiquer aux autres l'amitié avec lui ». (233) Cette affirmation acquiert une plus forte intensité si nous pensons au mystère eucharistique. En effet, nous ne pouvons garder pour nous l'amour que nous célébrons dans ce Sacrement. Il demande de par sa nature d'être communiqué à tous. Ce dont le monde a besoin, c'est de l'amour de Dieu, c'est de rencontrer le Christ et de croire en lui. C'est pourquoi l'Eucharistie n'est pas seulement source et sommet de la vie de l'Église; elle est aussi source et sommet de sa mission: « Une Église authentiquement eucharistique est une Église missionnaire ». (234) Nous aussi, nous devons pouvoir dire à nos frères avec conviction: « Ce que nous avons contemplé, ce que nous avons entendu, nous vous l'annonçons à vous aussi, pour que, vous aussi, vous soyez en communion avec nous » (1 Jn 1, 3). En réalité, il n'y a rien de plus beau que de rencontrer le Christ et de le communiquer à tous. L'institution même de l'Eucharistie, du reste, anticipe ce qui constitue le cœur de la mission de Jésus: Il est l'Envoyé du Père pour la rédemption du monde (cf. Jn 3, 16- 17; Rm 8, 32). Au cours de la dernière Cène, Jésus confie à ses disciples le Sacrement qui actualise le sacrifice qu'il a fait de lui-même par obéissance au Père pour notre salut à tous. Nous ne pouvons nous approcher de la Table eucharistique sans nous laisser entraîner dans le mouvement de la mission qui, prenant naissance dans le Cœur même de Dieu, veut rejoindre tous les hommes. La tension missionnaire est donc constitutive de la forme eucharistique de l'existence chrétienne.
Eucharistie et témoignage : 85. La mission première et fondamentale qui nous vient des saints Mystères que nous célébrons est de rendre témoignage par notre vie. L'émerveillement pour le don que Dieu nous a fait dans le Christ imprime à notre existence un dynamisme nouveau qui nous engage à être témoins de son amour. Nous devenons témoins lorsque, par nos actions, nos paroles et nos comportements, un Autre transparaît et se communique. On peut dire que le témoignage est le moyen par lequel la vérité de l'amour de Dieu rejoint l'homme dans l'histoire, l'invitant à accueillir librement cette nouveauté radicale. Dans le témoignage, Dieu s'expose, pour ainsi dire, au risque de la liberté de l'homme. Jésus lui-même est le témoin fidèle et véridique (cf. Ap 1, 5; 3, 14); il est venu pour rendre témoignage à la vérité (cf. Jn 18, 37). Dans cet ordre d'idées, il me tient à cœur de reprendre un concept cher aux premiers chrétiens, mais qui nous touche aussi, nous chrétiens d'aujourd'hui: le témoignage jusqu'au don de soi-même, jusqu'au martyre, a toujours été considéré dans l'histoire de l'Église comme le sommet du nouveau culte spirituel: « Offrez vos corps » (Rm 12, 1). Que l'on pense, par exemple, au récit du martyre de saint Polycarpe de Smyrne, disciple de saint Jean: tout le déroulement dramatique est décrit comme une liturgie, et même comme le fait que le martyr lui-même veuille devenir Eucharistie. (235) Pensons aussi à la conscience eucharistique qu'exprime saint Ignace d'Antioche en vue de son martyre: il se considère comme « le froment de Dieu » et il désire devenir dans le martyre le « pur pain du Christ ». (236) Le chrétien qui offre sa vie dans le martyre entre dans la pleine communion avec la Pâque de Jésus Christ et devient ainsi lui-même Eucharistie avec Lui. Aujourd'hui encore, les martyrs, en qui se manifeste de manière suprême l'amour de Dieu, ne font pas défaut pas à l'Église. Même quand l'épreuve du martyre ne nous est pas demandée, nous savons bien que le culte agréable à Dieu requiert en profondeur cette disponibilité (237) et qu'il trouve sa réalisation dans le témoignage joyeux et convaincu, devant le monde, d'une vie chrétienne cohérente dans les milieux où le Seigneur nous appelle à l'annoncer.
Jésus Christ, unique Sauveur : 86. Souligner le rapport intrinsèque entre Eucharistie et mission nous fait aussi redécouvrir le contenu ultime de notre annonce. Plus l'amour pour l'Eucharistie sera vivant dans le cœur du peuple chrétien, plus le devoir de la mission sera clair pour lui: porter le Christ. Ce n'est ni une idée ni un commandement moral inspiré par Lui, mais c'est le don de sa propre Personne. Celui qui ne communique pas la vérité de l'Amour à son frère n'a pas encore donné assez. En tant que sacrement de notre salut, l'Eucharistie nous renvoie ainsi inévitablement au caractère unique du Christ et du salut qu'il a accompli au prix de son sang. Par conséquent, du Mystère eucharistique, auquel on croit et que l'on célèbre, naît l'exigence d'éduquer constamment tout le monde au travail missionnaire dont le centre est l'annonce de Jésus, unique Sauveur. (238) Cela évitera de réduire à un aspect purement sociologique l'œuvre déterminante de promotion humaine, qui est toujours impliquée dans tout processus authentique d'évangélisation.
94. Il est donc nécessaire que, dans l'Église, ce très saint Mystère soit vraiment objet de foi, célébré avec dévotion et vécu intensément. Le don que Jésus fait de lui-même dans le Sacrement mémorial de sa passion nous atteste que la réussite de notre vie réside dans la participation à la vie trinitaire, qui en Lui nous est offerte de façon définitive et efficace. La célébration et l'adoration de l'Eucharistie nous permettent de nous approcher de l'amour de Dieu et d'y adhérer personnellement jusqu'à l'union avec le Seigneur bien-aimé. L'offrande de notre vie, la communion avec toute la communauté des croyants et la solidarité avec tout homme sont des aspects inséparables de la « logiké latreía », du culte spirituel, saint et agréable à Dieu (cf. Rm 12, 1), dans lequel toute notre réalité humaine concrète est transformée pour la gloire de Dieu.
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EUCHARISTIE : MYSTÈRE DE TRANSFORMATION
(Journées Mondiales de la Jeunesse à Cologne – Marienfeld Dimanche 21 août 2005)
Adoration a 2 sens:
proskynesis (soumission, reconnaissance de Dieu comme tel...Liberté n'est pas de faire seulement ce que l'on veut)
ad-oratio: (contact bouche à bouche, baiser, accolade et donc en définitive amour.)
La soumission devient union, parce que celui auquel nous nous soumettons est Amour.
Les 4 transformations liées à l'Eucharisties :
Première transformation: La mort violente sur la croix est transformée en un acte d'amour; la mort en la vie: acte central de la transformation qui est seul en mesure de renouveler vraiment le monde (autres: superficielles). La mort est blessée et n'a plus le dernier mot. Fission nucléaire au plus intime de l'être: victoire du bien sur le mal.
Deuxième transformation: le pain et le vin deviennent son corps et son sang, qui nous donne.
Troisième transformation: union avec nous-mêmes; nous devenons cosanguins au Christ. Dieu n'est plus simplement en face de nous, comme le Totalement autre, Il est en nous, nous sommes en lui. Sa dynamique nous pénètre et, à partir de nous, elle veut se propager aux autres et s’étendre au monde entier, pour que son amour devienne réellement la mesure dominante du monde.
Ultime transformation: transformation du monde jusqu’à ce que Dieu soit tout en tous (cf. 1 Co 15, 28).
HOMÉLIE FÊTE-DIEU
22 Mai 2008
Adorer le Dieu de Jésus Christ, qui s'est fait pain rompu par amour, est le remède le plus valable et radical contre les idolâtries d'hier et d'aujourd'hui. S'agenouiller devant l'Eucharistie est une profession de liberté: celui qui s'incline devant Jésus ne peut et ne doit se prosterner devant aucun pouvoir terrestre, aussi fort soit-il. Nous les chrétiens nous ne nous agenouillons que devant Dieu, devant le Très Saint Sacrement, parce qu'en lui nous savons et nous croyons qu'est présent le seul Dieu véritable, qui a créé le monde et l'a tant aimé au point de lui donner son Fils unique (cf. Jn 3, 16). Nous nous prosternons devant un Dieu qui s'est d'abord penché vers l'homme, comme un Bon Samaritain, pour le secourir et lui redonner vie, et il s'est agenouillé devant nous pour laver nos pieds sales. Adorer le Corps du Christ veut dire croire que là, dans ce morceau de pain, se trouve réellement le Christ, qui donne son vrai sens à la vie, à l'univers immense comme à la plus petite créature, à toute l'histoire humaine comme à l'existence la plus courte. L'adoration est une prière qui prolonge la célébration et la communion eucharistique et dans laquelle l'âme continue à se nourrir: elle se nourrit d'amour, de vérité, de paix; elle se nourrit d'espérance, parce que Celui devant lequel nous nous prosternons ne nous juge pas, ne nous écrase pas, mais nous libère et nous transforme.
HOMÉLIE AUX INVALIDES
13 Septembre 2008
Entourons de la plus grande vénération le sacrement du Corps et du Sang du Seigneur, le Très Saint-Sacrement de la présence réelle du Seigneur à son Église et à toute l'humanité. Ne négligeons rien pour lui manifester notre respect et notre amour ! Donnons-lui les plus grandes marques d'honneur ! Par nos paroles, nos silences et nos gestes, n'acceptons jamais de laisser s'affadir en nous et autour de nous la foi dans le Christ ressuscité présent dans l'Eucharistie !
HOMÉLIE A LOURDES
14 Septembre 2008
Saint Pierre-Julien Eymard nous dit tout, lorsqu'il s'écrie : « La sainte Eucharistie, c'est Jésus-Christ passé, présent et futur » ( Sermons et instructions paroissiales d’après 1856, 4-2,1. De la méditation).
Jésus-Christ passé, dans la vérité historique de la soirée au cénacle, où nous ramène toute célébration de la sainte Messe.
Jésus-Christ présent, parce qu'il nous dit : « Prenez et mangez-en tous, ceci est mon corps, ceci est mon sang ».« Ceci EST », au présent, ici et maintenant, comme dans tous les ici et maintenant de l'histoire des hommes. Présence réelle, présence qui dépasse nos pauvres lèvres, nos pauvres cœurs, nos pauvres pensées. Présence offerte à nos regards comme ici, ce soir, près de cette grotte où Marie s'est révélée comme l’Immaculée Conception.
L'Eucharistie est aussi Jésus-Christ futur, Jésus-Christ à venir. Lorsque nous contemplons l'Hostie Sainte, son Corps de gloire transfiguré et ressuscité, nous contemplons ce que nous contemplerons dans l'éternité, en y découvrant le monde entier porté par son Créateur à chaque seconde de son histoire. Chaque fois que nous Le mangeons, mais aussi chaque fois que nous Le contemplons, nous L'annonçons, jusqu'à ce qu'Il revienne, « donec veniat ». C'est pourquoi nous Le recevons avec un infini respect.
Certains parmi nous ne peuvent pas ou ne peuvent pas encore Le recevoir dans le Sacrement, mais ils peuvent Le contempler avec foi et amour, et exprimer le désir de pouvoir s’unir à Lui. C’est un désir qui a une grande valeur aux yeux de Dieu. Ceux-ci attendent son retour avec plus d’ardeur ; Ils attendent Jésus-Christ à venir.
HOMÉLIE FÊTE-DIEU
3 juin 2012
Avant tout, une réflexion sur la valeur du culte eucharistique, en particulier de l’adoration du Saint-Sacrement. C’est l’expérience que nous vivrons ce soir aussi après la messe, avant la procession, pendant son déroulement et à son terme. Une interprétation unilatérale du concile Vatican II a pénalisé cette dimension en réduisant la pratique de l’Eucharistie au moment de la célébration. En effet, il a été très important de reconnaître le caractère central de la célébration, à laquelle le Seigneur convoque son peuple, où le rassemble autour de la double table de la Parole et du Pain de vie, le nourrit et l’unit à lui dans l’offrande du Sacrifice. Cette mise en valeur de l’assemblée liturgique dans laquelle le Seigneur agit et réalise son mystère de communion, demeure naturellement valable, mais elle doit être resituée dans un juste équilibre.
En effet, comme il arrive souvent, pour souligner un aspect on finit par en sacrifier un autre. Dans ce cas, l’accent mis sur la célébration de l’eucharistie s’est faite aux dépends de l’adoration, en tant qu’acte de foi et de prière adressée au Seigneur Jésus, réellement présent dans le Sacrement de l’autel. Ce déséquilibre a aussi eu des répercussions sur la vie spirituelle des fidèles. En effet, si l’on concentre tout le rapport avec Jésus Eucharistie dans le seul moment de la Sainte Messe, on risque de vider de sa présence le reste du temps et de l’espace essentiels. Et l’on perçoit ainsi moins le sens de la présence constante de Jésus au milieu de nous et avec nous, un présence concrète, proche, au milieu de nos maisons, comme « Cœur palpitant » de la ville, du pays, du territoire et de ses différentes expressions et activités. Le Sacrement de la Charité du Christ doit pénétrer toute la vie quotidienne.
En réalité, c’est une erreur que d’opposer la célébration et l’adoration, comme si elles étaient concurrentes. C’est justement le contraire : le culte du Saint Sacrement constitue comme le « milieu » spirituel dans lequel la communauté peut célébrer l’Eucharistie bien et en vérité. C’est seulement lorsqu’elle est précédée, accompagnée et suivie de cette attitude intérieure de foi et d’adoration que l’action liturgique peut exprimer toute sa signification et sa valeur. La rencontre avec Jésus dans la Sainte Messe se réalise vraiment et pleinement lorsque la communauté est en mesure de reconnaître que, dans le Sacrement, il habite dans sa maison, nous attend, nous invite à sa table, et puis, après que l’assemblée s’est dispersée, il reste avec nous, par sa présence discrète et silencieuse, et il nous accompagne de son intercession, en continuant à recueillir nos sacrifices spirituels et à les offrir au Père.
AUX ÉVÊQUES ALLEMANDS
"Piussaal" (Salle Pie) du Séminaire de Cologne Dimanche 21 août 2005
Ce panorama que la Journée mondiale de la Jeunesse ouvre devant nous et que je n'ai indiqué qu'à grands traits, nous invite à projeter notre regard vers l'avenir. Les jeunes constituent pour l'Eglise, et en particulier pour nous pasteurs, pour les parents et pour les éducateurs, un appel vivant à la foi. Je voudrais dire encore une fois qu'il me semble que cela a été une grande inspiration de la part du Pape Jean-Paul II d'avoir choisi pour ces JMJ le thème "Nous sommes venus l'adorer" (Mt 2, 2). Parfois, nous sommes tellement oppressés, à juste titre oppressés, par les immenses nécessités sociales du monde, par tous les problèmes d'organisation et les problèmes structurels qui existent, qu'il peut arriver que l'adoration soit mise de côté comme quelque chose à reporter à plus tard. Le Père Delp a affirmé un jour que rien n'est plus important que l'adoration. Il l'a dit dans le contexte de son époque, lorsqu'il était évident que la destruction de l'adoration détruisait l'homme. Toutefois, dans le nouveau contexte de l'adoration perdue, et donc du visage perdu de la dignité humaine, c'est à nouveau à nous qu'il revient de comprendre la priorité de l'adoration et de rendre les jeunes, nous-mêmes et nos communautés conscientes du fait qu'il ne s'agit pas d'un luxe de notre époque confuse, que l'on ne pourrait peut-être pas se permettre, mais au contraire d'une priorité. Là où il n'y a plus d'adoration, là où l'hommage à Dieu n'est plus rendu comme priorité, les réalités de l'homme ne peuvent pas non plus évoluer. Nous devons donc tenter de rendre visible le visage du Christ, le visage du Dieu vivant, afin que nous nous trouvions spontanément, tout comme les Rois Mages, à nous prosterner et à l'adorer.
VOEUX DE NOËL
(Extrait du texte du saint-père à la curie romaine le 22 décembre 2005)
Avant toute activité et toute transformation du monde, il doit y avoir l’adoration. Elle seule nous rend véritablement libres ; elle seule nous donne les critères pour notre action. Précisément dans un monde où les critères d’orientation viennent progressivement à manquer et où existe la menace que chacun fasse de soi-même son propre critère, il est fondamental de souligner l’adoration…
Depuis la réforme liturgique, la Messe et l’adoration en dehors de la Messe étaient souvent considérées comme en opposition : le Pain eucharistique ne nous aurait pas été donné pour être contemplé, mais pour être mangé, selon une objection alors courante. Dans l’expérience de prière de l’Eglise s’est désormais manifestée le manque de sens d’une telle opposition. Augustin avait déjà dit : « Que personne ne mange cette chair sans auparavant l’adorer ;... nous pécherions si nous ne l’adorions pas ». De fait, dans l’Eucharistie nous ne recevons pas simplement quelque chose.
Celle-ci est la rencontre et l’unification de personnes ; cependant, la personne qui vient à notre rencontre et qui désire s’unir à nous est le Fils de Dieu. Une telle unification ne peut se réaliser que selon la modalité de l’adoration. Recevoir l’Eucharistie signifie adorer Celui que nous recevons. Ce n’est qu’ainsi, et seulement ainsi, que nous devenons une seule chose avec Lui. C’est pourquoi le développement de l’adoration eucharistique, telle qu’elle a pris forme au cours du Moyen-âge, était la conséquence la plus cohérente du mystère eucharistique lui-même : un accueil profond et véritable ne peut mûrir que dans l’adoration. C’est précisément dans cet acte personnel de rencontre avec le Seigneur que mûrit ensuite également la mission sociale qui est contenue dans l’Eucharistie et qui veut briser les barrières non seulement entre le Seigneur et nous, mais également et surtout les barrières qui nous séparent les uns des autres.
À DES ENFANTS QUI PRÉPARENT LEUR PREMIÈRE COMMUNION
Adriano: "Saint Père, on nous a dit qu'on aura aujourd'hui un temps d'adoration eucharistique. Qu'est ce que c'est ? Peux-tu nous l'expliquer ?
Benoît XVI: Nous verrons tout de suite ce qu'est l'adoration eucharistique et comment elle se déroule, car tout est bien préparé: nous prierons, nous chanterons, nous nous agenouillerons, nous nous présenterons ainsi devant Jésus. Mais naturellement, ta question exige une réponse plus approfondie: pas seulement comment se déroule l'adoration, mais quel est son sens. Je dirais que l'adoration signifie reconnaître que Jésus est mon Seigneur, que Jésus me montre le chemin à prendre, me fait comprendre que je ne vis bien que si je connais la route qu'Il m'indique.
Adorer, c'est donc dire: "Jésus, je suis tout à toi et je te suis dans ma vie, je ne voudrais jamais prendre cette amitié, cette communion avec toi". Je pourrais également dire que l'adoration est un baiser à Jésus dans lequel je dis: "Je suis à toi et je prie afin que toi aussi, tu demeures toujours avec moi."
AUX PRÊTRES DE ROME
Mars 2006
L’Eglise Sainte Anastasie est le siège de l’Adoration perpétuelle. Il s’agit donc d’un point central de la vie de foi à Rome. Je place avec confiance entre les mains du Cardinal Vicaire cette proposition de créer, dans les cinq secteurs du diocèse de Rome, cinq lieux d’adoration perpétuelle. Je voudrais simplement dire que je rends grâce à Dieu, car après le Concile, après une période où le sens de l’adoration eucharistique manquait quelque peu, a été redécouverte la joie de cette adoration partout dans l’Eglise, comme nous l’avons vu et entendu au cours du Synode sur l’Eucharistie. Certes, à travers la Constitution conciliaire sur la Liturgie, a été redécouverte surtout toute la richesse de l’Eucharistie célébrée, dans laquelle se réalise le testament du Seigneur: Il se donne à nous et nous répondons en nous donnant à Lui. Mais à présent, nous avons redécouvert que cet aspect central que nous a donné le Seigneur en pouvant célébrer son sacrifice et entrer ainsi en communion sacramentelle, presque corporelle, avec Lui, perd de sa profondeur et également de sa richesse humaine s’il manque l’Adoration, comme acte découlant de la communion reçue: l’adoration consiste à entrer, au plus profond de notre cœur, en communion avec le Seigneur qui est présent de façon corporelle dans l’Eucharistie. Dans l’Ostensoir, il se donne toujours entre nos mains et nous invite à nous unir à sa Présence, à son Corps ressuscité.
AUX SÉMINARISTES DE BAVIÈRE
Septembre 2006
Une façon essentielle d'être avec le Seigneur est l'Adoration eucharistique. Altötting, grâce à Monseigneur Schraml, a obtenu une nouvelle "salle du trésor". Là où jadis, étaient conservés les trésors du passé, des objets précieux de l'histoire et de la piété, se trouve à présent le lieu du véritable trésor de l'Eglise: la présence permanente du Seigneur dans son Sacrement. Le Seigneur, dans l'une de ses paraboles, nous parle du trésor caché dans le champ. Celui qui l'a trouvé, nous raconte-t-il, vend tous ses biens pour pouvoir acheter le champ car le trésor caché dépasse tout autre valeur. Le trésor caché, le bien au-dessus de tous les autres biens, est le Royaume de Dieu - c'est Jésus lui-même, le Royaume en personne. Dans l'Hostie sacrée, il est présent, le véritable trésor, que nous pouvons toujours atteindre. Ce n'est que dans l'adoration de cette présence que nous apprenons à le recevoir de façon juste - nous apprenons à dialoguer, nous apprenons de l'intérieur la célébration de l'Eucharistie. Je voudrais citer à ce propos une belle parole d'Edith Stein, la sainte co-patronne de l'Europe, qui écrit dans l'une de ses lettres: "Le Seigneur est présent dans le tabernacle avec divinité et humanité. Il est là, non pas pour lui-même, mais pour nous: car sa joie est d'être avec les hommes. Et parce qu'il sait que nous, tel que nous sommes, avons besoin de sa proximité personnelle. La conséquence pour tous ceux qui ont des pensées et des sentiments normaux est de se sentir attirés et de s'arrêter là à chaque fois et aussi longtemps que cela leur est permis" (Gesammelte Werke, VII, 136f). Nous aimons être avec le Seigneur! Là, nous pouvons parler avec Lui de tout. Nous pouvons lui soumettre nos questions, nos préoccupations, nos angoisses. Nos joies. Notre gratitude, nos déceptions, nos requêtes et nos espérances. Là, nous pouvons également lui répéter toujours à nouveau: "Seigneur, envoie des ouvriers à ta moisson! Aide-moi à être un bon ouvrier dans ta vigne!".
DIFFUSER L'ADORATION EUCHARISTIQUE
9 novembre 2006
Evoquant la préparation du XLIX Congrès eucharistique international, qui se déroulera à Québec (Canada) en juin 2008, Benoît XVI a dit que ces rendez-vous "sont toujours source de renouveau spirituel, des occasions de mieux connaître l'Eucharistie, le trésor le plus précieux laissé par le Christ. Ceci implique que l'Eglise accroisse l'effort de diffusion de son adoration, afin de témoigner de son amour partout dans la société".
Puis le Pape a dit que la présence de dévots de l'Eucharistie lui permettait de rappeler "combien est bienfaisante la redécouverte de l'adoration eucharistique par de nombreux chrétiens... L'humanité a grand besoin de redécouvrir ce sacrement, source de toute espérance! Remercions le Seigneur pour toutes les paroisses où à côté de la messe on éduque les fidèles à cette adoration", a ajouté le Saint-Père, qui a espéré que le prochain congrès favorisera encore cette dévotion.
Evoquant l'Exhortation apostolique post-synodale sur l'Eucharistie, qui reprend les indications du dernier Synode des évêques (octobre 2005), le Pape a conclu en disant être certain qu'elle "aidera l'Eglise à bien préparer le Congrès eucharistique de juin 2008".
SUR LA RÉPARATION EUCHARISTIQUE
22 février 2007, au clergé de Rome
Nous ne parlons plus en général de l'adoration eucharistique, qui a réellement pénétré dans nos cœurs et qui pénètre dans le cœur du peuple. Vous avez posé cette question spécifique sur la réparation eucharistique. Il s'agit d'un discours qui est devenu difficile. Je me souviens, quand j'étais jeune, qu'à l'occasion de la fête du Sacré-Cœur, nous disions une belle prière de Léon XIII, puis une autre de Pie XI, dans laquelle la réparation occupait une place particulière, précisément en référence, déjà à cette époque, aux actes sacrilèges qui devaient être réparés.
Il me semble que nous devons aller au fond des choses, parvenir au Seigneur lui-même qui a offert la réparation pour le péché du monde, et nous efforcer de réparer: disons qu'il faut équilibrer le surcroît de mal et le surcroît de bien. Ainsi, dans la balance du monde, nous ne devons pas laisser ce grand surcroît au négatif, mais accorder un poids au moins équivalent au bien. Cette idée fondamentale s'appuie sur ce qui a été fait par le Christ. Tel est, pour autant que je comprenne, le sens du sacrifice eucharistique. Contre ce grand poids du mal qui existe dans le monde, le Seigneur place un autre poids plus grand, celui de l'amour infini qui entre dans ce monde. Tel est le point important: Dieu est toujours le bien absolu, mais ce bien absolu entre précisément dans le jeu de l'histoire; le Christ devient ici présent et subit jusqu'au bout les souffrances du mal, créant ainsi un contrepoids d'une valeur absolue. Le surcroît du mal, qui existe toujours si nous ne considérons de façon empirique que les proportions, est dépassé par le surcroît immense du bien, de la souffrance du Fils de Dieu.
Dans ce sens, la réparation existe, et elle est nécessaire. Il me semble qu'aujourd'hui, il est un peu difficile de comprendre ces choses. Lorsque l'on voit le poids du mal dans le monde, qui croît en permanence, qui semble exercer une domination absolue dans l'histoire, on pourrait - comme le dit saint Augustin dans une méditation – véritablement désespérer. Mais l'on constate qu'il y a un surcroît encore plus grand dans le fait que Dieu lui-même est entré dans l'histoire, a participé à l'histoire et a souffert jusqu'au bout. Tel est le sens de la réparation. Ce surcroît du Seigneur est pour nous un appel à nous ranger de son côté, à entrer dans ce grand surcroît de l'amour et à le rendre présent, même avec nos faiblesses. Nous savons que pour nous aussi, ce surcroît est nécessaire, car dans notre vie aussi, le mal existe. Nous vivons toujours grâce au surcroît du Seigneur. Mais il nous fait ce don afin que, comme le dit la Lettre aux Colossiens, nous puissions nous associer à son abondance et, disons, faire croître encore plus cette abondance de façon concrète à notre époque historique.
Il me semble que la théologie devrait faire davantage pour comprendre encore mieux cette réalité de la réparation. Il y avait également de fausses idées dans l'histoire. Ces derniers jours, j'ai lu les discours théologiques de saint Grégoire de Nazianze, qui, à un certain moment, parle de cet aspect et se demande à qui le Seigneur a offert son sang. Il dit: le Père ne voulait pas du sang du Fils, le Père n'est pas cruel, il n'est pas nécessaire d'attribuer cela à la volonté du Père; mais c'est l'histoire qui le voulait, ce sont les nécessités et les déséquilibres de l'histoire qui le voulaient. L'on devrait entrer dans ces déséquilibres et là, recréer le véritable équilibre. Cela est véritablement éclairant. Mais il me semble que nous ne disposons pas du langage nécessaire pour que nous comprenions ce fait et que nous le fassions également comprendre aux autres. Il ne faut pas offrir à un Dieu cruel le sang de Dieu. Mais Dieu lui-même, par son amour, doit entrer dans les souffrances de l'histoire pour créer non seulement un équilibre, mais un surcroît d'amour qui est plus fort que l'abondance du mal qui existe. C'est ce à quoi le Seigneur nous invite.
Cela me semble une réalité typiquement catholique. Luther dit: nous ne pouvons rien ajouter. Et cela est vrai. Puis il dit: donc, nos œuvres ne comptent pas. Et cela n'est pas vrai. Car la générosité du Seigneur se révèle précisément dans le fait qu'il nous invite à entrer et accorde également une valeur au fait que nous soyons avec Lui. Nous devons mieux apprendre tout cela et ressentir également la grandeur, la générosité du Seigneur et la grandeur de notre vocation. Le Seigneur veut nous associer à son grand surcroît. Si nous commençons à le comprendre, nous serons heureux que le Seigneur nous invite à cela. Ce sera la grande joie d'être pris au sérieux par l'amour du Seigneur.
AUX JEUNES DU MONDE À L’OCCASION DE LA XXIIIe JOURNÉE MONDIALE DE LA JEUNESSE
20 juillet 2007
Je voudrais encore ajouter une parole sur l’Eucharistie. Pour croître dans la vie chrétienne, il est nécessaire de se nourrir du Corps et du Sang du Christ: en effet, nous sommes baptisés et confirmés en vue de l’Eucharistie (cf. CCC, 1322; Exhort. apost. Sacramentum caritatis, n. 17). «Source et sommet» de la vie ecclésiale, l’Eucharistie est une «Pentecôte perpétuelle», parce que chaque fois que nous célébrons la Messe, nous recevons l’Esprit Saint, qui nous unit plus profondément au Christ et qui nous transforme en Lui. Chers jeunes, si vous participez fréquemment à la célébration eucharistique, si vous prenez un peu de votre temps pour l’adoration du Saint-Sacrement, alors, de la Source de l’amour qu’est l’Eucharistie, vous sera donnée la joyeuse détermination à consacrer votre vie à la suite de l’Évangile. Vous ferez en même temps l’expérience que là où nous ne réussissons pas par nos propres forces, l’Esprit Saint vient nous transformer, nous remplir de sa force et faire de nous des témoins remplis de l’ardeur missionnaire du Christ ressuscité.
POUR LA XVI JOURNÉE MONDIALE DES MALADES, 2008
11 janvier 2008
2. On ne peut contempler Marie sans être attiré par le Christ et on ne peut regarder le Christ sans percevoir immédiatement la présence de Marie. Il y a un lien inséparable entre la Mère et le Fils engendré dans son sein par l'œuvre de l'Esprit Saint, et ce lien nous le sentons, de manière mystérieuse, dans le sacrement de l'Eucharistie, comme les Pères de l'Eglise et les théologiens l'ont mis en lumière dès les premiers siècles. "La chair née de Marie, venant de l'Esprit Saint, est le pain descendu du ciel", déclare saint Hilaire de Poitiers, tandis que dans le Sacramentaire "Bergomense" du IX siècle, nous lisons: "Son sein a fait mûrir un fruit, un pain nous a rempli du don angélique. Marie a rendu au salut ce qu'Eve avait détruit par sa faute". Saint Pierre Damien observe ensuite: "Ce corps que la très bienheureuse Vierge a engendré, a nourri dans son sein avec une sollicitude maternelle, ce corps dis-je, celui-là et pas un autre, nous le recevons à présent du saint autel et nous en buvons le sang comme sacrement de notre rédemption. Voilà ce que croit la foi catholique, ce qu'enseigne fidèlement la sainte Eglise". Le lien de la Vierge sainte avec le Fils, agneau immolé qui enlève les péchés du monde, s'étend à l'Eglise, corps mystique du Christ. Marie - observe le Serviteur de Dieu Jean-Paul II - est "femme eucharistique" à travers toute sa vie et l'Eglise, la considérant comme son modèle, "est appelée à l'imiter également dans son rapport avec ce très saint mystère" (Ecclesia de Eucharistia, n. 53). Dans cette optique, on comprend encore mieux pourquoi à Lourdes, au culte de la bienheureuse Vierge Marie est associé un rappel fort et constant à l'Eucharistie par des célébrations eucharistiques quotidiennes, par l'adoration du Très Saint Sacrement et la bénédiction des malades, qui constitue un des temps les plus forts de la halte des pèlerins près de la grotte de Massabielle.
5. Tandis que j'adresse mon salut cordial à tous les malades et à ceux qui en prennent soin de diverses manières, j'invite les communautés diocésaines et paroissiales à célébrer la prochaine Journée mondiale du Malade en mettant pleinement en valeur l'heureuse coïncidence du 150 anniversaire des apparitions de Notre Dame à Lourdes et le Congrès eucharistique international. Que ce soit l'occasion de souligner l'importance de la Messe, de l'adoration eucharistique et du culte de l'Eucharistie, en faisant en sorte que les chapelles dans les centres de santé deviennent le cœur battant où Jésus s'offre sans cesse au Père, pour la vie de l'humanité. De même, la distribution de l'Eucharistie aux malades, effectuée avec respect et esprit de prière, est un véritable réconfort pour ceux qui souffrent et sont atteints de toute forme de maladie.
AU MONDE DE LA CULTURE
12 Septembre 2008
Il faut l'humilité de l'homme pour répondre à l'humilité de Dieu.
VOEUX A LA CURIE ROMAINE
22 décembre 2011
"Un troisième élément qui, d'une manière toujours plus naturelle et centrale, fait partie des Journées Mondiales de la Jeunesse et de la spiritualité qui en découle, est l'adoration. Inoubliable, demeure pour moi le moment où, durant mon voyage au Royaume-Uni, dans Hydepark, des dizaines de milliers de personnes, en majorité des jeunes, ont répondu par un silence intense à la présence du Seigneur dans le Très Saint Sacrement, en l'adorant. La même chose est arrivée, dans une moindre mesure, à Zagreb et, de nouveau, à Madrid après la tempête qui menaçait de gâcher l'ensemble de la veillée à cause d'une panne des microphones. Dieu est omniprésent, oui. Mais la présence corporelle du Christ ressuscité est encore quelque chose d'autre, quelque chose de nouveau. Le Ressuscité entre au milieu de nous. Et alors, nous ne pouvons que dire avec l'apôtre Thomas : Mon Seigneur et mon Dieu ! L'adoration est avant tout un acte de foi – l'acte de foi comme tel. Dieu n'est pas une quelconque hypothèse possible ou impossible sur l'origine de l'univers. Il est là. Et s'Il est présent, je m'incline devant Lui. Alors la raison, la volonté et le cœur s'ouvrent à Lui et à partir de Lui. Dans le Christ ressuscité est présent le Dieu qui s'est fait homme, qui a souffert pour nous parce qu'il nous aime. Nous entrons dans cette certitude de l'amour incarné de Dieu pour nous, et nous le faisons en aimant avec Lui. C'est cela l'adoration, et cela donne ensuite une empreinte à ma vie. C'est seulement ainsi que je peux célébrer aussi l'Eucharistie d'une manière juste et recevoir le Corps du Seigneur avec droiture."
POUR LA 28ème JOURNÉE MONDIALE DE LA JEUNESSE (PRÉPARATION DE RIO)
18 octobre 2012
C'est pourquoi, je vous exhorte à vous enraciner dans la prière et dans les Sacrements. L'évangélisation authentique naît toujours de la prière et est portée par la prière. Il nous faut d'abord parler avec Dieu pour pouvoir parler de Dieu. Dans la prière, nous présentons au Seigneur les personnes vers qui nous sommes envoyés. Nous le supplions de toucher leurs cœurs. Et nous demandons à l'Esprit Saint de faire de nous les instruments de son salut pour ces personnes. Nous demandons au Christ de mettre sur nos lèvres ses paroles et de faire de nous des témoins de son amour. Et, plus largement, nous confions au Seigneur toute la mission de l'Église, selon le commandement explicite de Jésus : « Priez donc le maître de la moisson d'envoyer des ouvriers pour sa moisson. » (Mt 9, 38). Sachez trouver dans l'Eucharistie, la source de votre vie de foi et de votre témoignage chrétien, en participant assidument à la messe du dimanche et autant que vous pouvez aux messes célébrées en semaine ! Recourez souvent au sacrement de réconciliation : c'est le lieu de la rencontre précieuse avec la miséricorde de Dieu qui nous accueille, nous pardonne et renouvelle nos cœurs dans la charité. Et n'hésitez pas à recevoir le sacrement de confirmation, si vous ne l'avez pas encore reçu, vous y préparant avec soin et engagement ! Avec l'Eucharistie, c'est le sacrement par excellence de la mission, celui qui nous donne la force et l'amour de l'Esprit Saint pour professer sans crainte notre foi. Je vous encourage aussi à pratiquer l'adoration eucharistique : se recueillir dans l'écoute et le dialogue avec Jésus avec présent dans le Saint Sacrement devient le point de départ d'un nouvel élan missionnaire.
ANGÉLUS
(Castel Gandolfo, 28 août 2005)
Non seulement les jeunes, mais aussi les communautés et les pasteurs eux-mêmes, doivent prendre toujours plus conscience d'une donnée fondamentale pour l'évangélisation: là où Dieu n'occupe pas la première place, là où il n'est pas reconnu et adoré comme le Bien suprême, la dignité de l'homme est menacée. Il est donc urgent de conduire l'homme d'aujourd'hui à "redécouvrir" le visage authentique de Dieu, qui s'est révélé à nous en Jésus Christ. L'humanité de notre temps pourra ainsi, comme les Mages, se prosterner elle aussi devant lui et l'adorer. En parlant avec les Evêques allemands, je rappelais que l'adoration n'est pas "un luxe mais une priorité". Chercher le Christ doit être le désir incessant des croyants, des jeunes et des adultes, des fidèles et de leurs Pasteurs. Cette recherche doit être encouragée, soutenue et guidée. La foi n'est pas simplement l'adhésion à un ensemble complet de dogmes, qui éteindrait la soif de Dieu présente dans l'âme humaine. Au contraire, elle projette l'homme, en chemin dans le temps, vers un Dieu toujours nouveau dans sa nature infinie. Le chrétien est donc en même temps quelqu'un qui cherche et quelqu'un qui trouve. C'est précisément cela qui rend l'Eglise jeune, ouverte à l'avenir, riche d'espérance pour l'humanité tout entière.
ANGÉLUS POUR LA FÊTE-DIEU
10 juin 2007
Dans la vie d'aujourd'hui, souvent bruyante et chaotique, il est plus important que jamais de retrouver la capacité de silence intérieur et de recueillement: l'adoration eucharistique permet de le faire non seulement autour du "moi", mais en compagnie de ce "Toi" plein d'amour qui est Jésus Christ, "le Dieu qui nous est proche".
UN PRINTEMPS EUCHARISTIQUE
Audience générale sur Ste Julienne de Cornillon, 17 nov 2010
Je voudrais affirmer avec joie qu'il y a aujourd'hui dans l'Eglise un «printemps eucharistique»: combien de personnes demeurent en silence devant le Tabernacle, pour s'entretenir en une conversation d'amour avec Jésus! Il est réconfortant de savoir que beaucoup de groupes de jeunes ont redécouvert la beauté de prier en adoration devant le Très Saint Sacrement. Je pense par exemple à notre adoration eucharistique à Hyde Park, à Londres. Je prie afin que ce «printemps eucharistique» se répande toujours davantage dans toutes les paroisses, en particulier en Belgique, la patrie de sainte Julienne. Le vénérable Jean-Paul II, dans l'encyclique Ecclesia de Eucharistia, constatait que «dans beaucoup d'endroits, l'adoration du Saint-Sacrement a une large place chaque jour et devient source inépuisable de sainteté. La pieuse participation des fidèles à la procession du Saint-Sacrement lors de la solennité du Corps et du Sang du Christ est une grâce du Seigneur qui remplit de joie chaque année ceux qui y participent. On pourrait mentionner ici d'autres signes positifs de foi et d'amour eucharistiques» (n. 10).
LA PREMIÈRE DES DÉVOTIONS...
Audience générale sur St Alphonse de Ligori, 30 mars 2011
Parmi les formes de prière conseillées avec ferveur par saint Alphonse se détache la visite au Très Saint Sacrement ou, comme nous dirions aujourd'hui, l'adoration, brève ou prolongée, personnelle ou communautaire, devant l'Eucharistie. « Assurément - écrit Alphonse - parmi toutes les dévotions celle d'adorer Jésus sacrement est la première après les sacrements, la plus chère à Dieu, et celle qui nous est la plus utile... Oh, quel délice d'être devant un autel plein de foi... et lui présenter nos nécessités, comme fait un ami avec un autre ami intime ! » (Visites au Saint Sacrement et à la Sainte Vierge pour chaque jour du mois. Introduction).
LA PRIÈRE D'INTERCESSION (JÉSUS EST LE JUSTE QUI INTERCÈDE POUR LE MONDE)
Audience générale sur Abraham qui intercède pour Sodome et Gomorrhe, 18 mai 2011
Il faudra que Dieu lui-même devienne ce juste. C'est le mystère de l'Incarnation: pour garantir un juste, il se fait homme. Le juste sera toujours là puisque c'est Lui: mais il faut que Dieu lui-même devienne ce juste. L’infini et surprenant amour divin sera pleinement manifesté lorsque le Fils de Dieu se fera homme, le Juste définitif, le parfait Innocent, qui apportera le salut au monde entier en mourant sur la croix, en pardonnant et en intercédant pour ceux qui «ne savent pas ce qu'ils font» (Lc 23, 34). Alors la prière de chaque homme trouvera sa réponse, chacune de nos intercessions sera alors pleinement exaucée.
LE PREMIER COMMANDEMENT
Audience générale sur le prophète Elie, 15 juin 2011
Avant tout, c’est la priorité du premier commandement qui est en question: adorer uniquement Dieu. Là où Dieu disparaît, l’homme tombe dans l’esclavage d’idolâtries, comme l’ont montré, à notre époque, les régimes totalitaires et comme le montrent également diverses formes de nihilisme, qui rendent l’homme dépendant d’idoles, d’idolâtries qui le réduisent à l’état d’esclave. Deuxièmement, l’objectif principal de la prière est la conversion: le feu de Dieu qui transforme notre cœur et nous rend capables de voir Dieu et ainsi, de vivre selon Dieu et de vivre pour l’autre. En troisième lieu, les Pères nous disent que cette histoire d’un prophète est elle aussi prophétique, si — disent-ils — elle est l’ombre du futur, du futur Christ; il s’agit d’un pas sur le chemin vers le Christ. Et ils nous disent que nous voyons ici le véritable feu de Dieu: l’amour qui guide le Seigneur jusqu’à la croix, jusqu’au don total de soi. La véritable adoration de Dieu, alors, est de se donner soi-même à Dieu et aux hommes, la véritable adoration est l’amour. Et la véritable adoration de Dieu ne détruit pas, mais renouvelle, transforme. Certes, le feu de Dieu, le feu de l’amour brûle, transforme, purifie, mais précisément ainsi, il ne détruit pas, mais crée la vérité de notre être, il recrée notre cœur. Et ainsi, réellement vivants par la grâce du feu de l’Esprit Saint, de l’amour de Dieu, nous sommes adorateurs en esprit et en vérité.
LA PRIÈRE DE JÉSUS PENDANT LA CÈNE
Audience générale, 11 janvier 2012
En participant à l’Eucharistie, nous vivons de manière extraordinaire la prière que Jésus a faite et fait sans cesse pour chacun, afin que le mal, que nous rencontrons tous dans la vie, ne réussisse pas à vaincre et qu’agisse en nous la force transformatrice de la mort et de la résurrection du Christ.
CHARITÉ ET PRIÈRE
Audience générale, 25 avril 2012
Le problème pastoral qui a conduit les apôtres à choisir et à imposer les mains sur sept hommes chargés du service de la charité, pour se consacrer eux-mêmes à la prière et à l’annonce de la Parole, nous indique également le primat de la prière et de la Parole de Dieu qui toutefois, produit ensuite l’action pastorale. Pour les pasteurs, il s’agit de la forme de service première et plus précieuse à l’égard du troupeau qui leur est confié. Si les poumons de la prière et de la Parole de Dieu n’alimentent pas le souffle de notre vie spirituelle, nous risquons de suffoquer au milieu des mille choses de chaque jour: la prière est le souffle de l’âme et de la vie. Et il y a un autre rappel précieux que je voudrais souligner : dans le rapport avec Dieu, dans l’écoute de sa Parole, dans le dialogue avec Dieu, même lorsque nous nous trouvons dans le silence d’une église ou de notre chambre, nous sommes unis au Seigneur et à de nombreux frères et sœurs dans la foi comme un ensemble d’instruments qui, même dans leur individualité, élèvent à Dieu une unique grande symphonie d’intercession, d’action de grâce et de louange.
LA PRIÈRE INCESSANTE
Audience générale sur l'emprisonnement de Pierre, 9 mai 2012
C’est une communauté en crise, en difficulté, non tant en raison des persécutions, mais parce qu’en son sein existent des jalousies et des contestations (cf. Jc 3,14-16). Et l’Apôtre se demande les raisons de cette situation. Il trouve deux motifs principaux : le premier est de se laisser dominer par les passions, par la dictature de ses propres envies, par l’égoïsme (cf. Jc 4, 1-2a) ; le second est le manque de prière — « vous ne priez pas » (Jc 4, 2b) — ou la présence d’une prière qui ne peut pas être définie comme telle — « vous priez, mais vous ne recevez rien parce que votre prière est mauvaise : vous demandez des richesses pour satisfaire vos instincts » (Jc 4, 3). Cette situation changerait, selon saint Jacques, si la communauté parlait de manière unie avec Dieu, si elle priait réellement de manière assidue et unanime.
En revanche, la communauté qui accompagne l’emprisonnement de Pierre est une communauté qui prie vraiment, pendant toute la nuit, unie. Et c’est une joie irrépressible qui envahit le cœur de tous quand l’Apôtre frappe de manière inattendue à la porte.