3. f) Personne ne peut douter « que tous les fidèles, selon la coutume immémoriale de l’Eglise catholique, exercent le culte d’adoration que l’on doit au vrai Dieu, lorsqu’ils vénèrent ce Sacrement très Saint. Et l’on ne doit pas moins l’adorer du fait qu’il a été institué par le Christ Seigneur pour être mangé [20] ». En effet, ce qui doit être adoré dans la « Réserve eucharistique », c’est le Seigneur lui-même [21], puisqu’il y est substantiellement présent par le changement total du pain et du vin qu’on appelle, à juste titre, selon le Concile de Trente, transsubstantiation [22].
3. g) II faut donc considérer le mystère eucharistique dans toute son ampleur, c’est-à-dire aussi bien dans la célébration même de la Messe que dans le culte rendu aux saintes Espèces qui sont conservées après la Messe pour étendre la grâce du Sacrifice [23].
De ces principes, on doit tirer des normes pour régler pratiquement le culte que l’on doit à ce sacrement, même après la Messe, et pour accorder ce culte avec une juste ordonnance du Sacrifice de la Messe, selon l’esprit des prescriptions du 2ème Concile du Vatican et des autres documents du Siège apostolique sur la question [24].
TROISIÈME PARTIE
LE CULTE
ENVERS LA SAINTE EUCHARISTIE,
SACREMENT PERMANENT
I. Les buts de la conservation de l’Eucharistie et la prière devant le Saint-Sacrement
49. Les buts de la conservation de l’Eucharistie en dehors de la messe.
« II ne sera pas hors de propos de rappeler que la fin primordiale et originelle pour laquelle on conserve les saintes Espèces dans l’église après la messe est l’administration du Viatique ; les fins secondaires sont la distribution de la communion en dehors de la messe et l’adoration de notre Seigneur Jésus Christ caché sous ces espèces [108]. » Car « la conservation des saintes Espèces pour les malades... a amené la louable coutume d’adorer le Pain du ciel conservé dans les églises. Ce culte d’adoration repose sur un motif solide et ferme [109] », surtout parce que la foi en la présence réelle du Seigneur conduit par sa nature même à la manifestation extérieure et publique de cette foi.
50. La prière devant le Saint-Sacrement.
Les fidèles, lorsqu’ils adorent le Christ présent dans le sacrement, doivent se rappeler que cette présence dérive du Sacrifice et tend à la communion sacramentelle en même temps que spirituelle.
La piété qui pousse les fidèles à se rendre auprès de la sainte Eucharistie les attire donc à participer plus profondément au Mystère pascal et à répondre par leur gratitude au don de celui qui, par son humanité, ne cesse de répandre la vie divine dans les membres de son Corps [110]. En s’attardant auprès du Christ Seigneur, ils jouissent de son intime familiarité et, devant lui, ils épanchent leur cœur pour eux-mêmes et pour tous les leurs, ils prient pour la paix et le salut du monde. En offrant leur vie entière au Père avec le Christ dans l’Esprit Saint, ils puisent dans cet admirable échange un accroissement de leur foi, de leur espérance et de leur charité. Ils entretiennent donc ainsi les bonnes dispositions qui leur permettent d’avoir toute la dévotion voulue pour célébrer le Mémorial du Seigneur et recevoir fréquemment ce Pain qui nous est donné par le Père.
Les fidèles s’appliqueront donc à vénérer le Christ Seigneur dans le sacrement selon leur état de vie. Sur ce point, les pasteurs doivent les guider par leur exemple et les exhorter par leur parole [111].
57. L’accès des églises doit être facilité aux fidèles.
Les pasteurs veilleront à ce que toutes les églises et les oratoires publics où le Saint-Sacrement est conservé soient accessibles aux fidèles, au moins pendant plusieurs heures matin et soir, pour qu’ils puissent facilement venir prier devant le Saint-Sacrement.
II Le lieu où l’on doit conserver le Saint-Sacrement
52. Le tabernacle.
Là où, selon le droit, on peut conserver la sainte Eucharistie, elle ne peut être gardée de façon continue ou habituelle que sur un seul autel ou dans un seul lieu de la même église [112]. C’est pourquoi il n’y aura habituellement dans chaque église qu’un seul tabernacle. Celui-ci doit être solide et à l’abri de toute profanation [113].
53. La chapelle du Saint-Sacrement.
Le lieu de l’église ou de l’oratoire où l’Eucharistie est conservée dans le tabernacle doit être vraiment le plus digne. Il convient qu’il soit en même temps propice à la prière privée, pour que les fidèles ne soient pas empêchés d’honorer le Seigneur dans le sacrement, facilement et avec fruit, même par leur culte privé [114]. Aussi est-il recommandé de placer le tabernacle autant que possible dans une chapelle séparée de la nef principale de l’église, surtout lorsqu’il s’agit d’églises où les mariages et les funérailles sont fréquents, et de lieux très visités pour leurs trésors historiques et artistiques.
54. Le. tabernacle placé au milieu de l’autel on dans une autre partie de l’église.
« La sainte Eucharistie sera conservée dans un tabernacle solide et à l’abri de toute profanation, placé au milieu du maître-autel ou d’un petit autel, mais qui surpasse vraiment les autres. Selon les coutumes légitimes et dans des cas particuliers que doit approuver l’Ordinaire du lieu, elle pourra aussi être placée dans un autre lieu de l’église, vraiment digne et bien décoré [115]. »
« II est permis de célébrer la messe face au peuple, même s’il y a sur l’autel un tabernacle, petit sans doute mais suffisant [116]. »
55. Le tabernacle à l’autel où se célèbre la messe avec concours de fidèles.
Les modes principaux selon lesquels le Christ est présent à son Eglise (cf. ci-dessus n° 9) se manifestent successivement lors de la célébration de la messe, puisqu’il apparaît d’abord présent dans l’assemblée des fidèles réunis en son nom ; puis dans sa Parole lorsqu’on lit et qu’on explique l’Ecriture ; ensuite dans la personne du ministre ; enfin, et d’une façon unique, dans les Espèces eucharistiques. Aussi, au plan du signe, est-il plus conforme à la nature de la célébration que la présence eucharistique du Christ, qui est le fruit de la consécration et doit apparaître comme telle, ne se trouve pas déjà là, autant qu’il est possible, dès le début de la messe, du fait que l’on conserve les saintes Espèces dans le tabernacle.
56. Le tabernacle dans la construction des nouvelles églises et dans l’aménagement d’églises et d’autels déjà existants.
Il convient, lorsque l’on construit de nouvelles églises, que l’on ait clairement à l’esprit les principes fixés aux n°B 52 et 54. Quant aux adaptations des églises ou des autels déjà existants, on ne peut les faire qu’en se conformant au n° 24 de la -présente Instruction.
57. Façon de signaler la présence du Saint-Sacrement dans le tabernacle.
On veillera à ce que la présence de la sainte Eucharistie dans le tabernacle soit signifiée aux fidèles par le conopée ou par un autre moyen approprié, déterminé par l’autorité compétente.
Selon la coutume traditionnelle, une lampe brûlera perpétuellement auprès du tabernacle en signe du culte que l’on rend au Seigneur [117].
III. Les « pieux et saints exercices » eucharistiques
58. La dévotion, aussi bien privée que publique, envers le Sacrement de l’autel même en dehors de la messe, selon les normes établies par l’autorité légitime et la présente Instruction, est vivement recommandée par l’Eglise parce que le Sacrifice eucharistique est la source et le sommet de toute la vie chrétienne [118].
Dans l’organisation de ces « pieux et saints exercices », on tiendra compte des normes établies par le 2e Concile du Vatican sur le lien à garder entre la liturgie et les autres actions sacrées qui n’en relèvent pas. On tiendra compte, en particulier, de la norme suivante : « Ces exercices doivent être réglés en tenant compte des temps liturgiques, et de façon à s’harmoniser avec la liturgie, à en découler d’une certaine manière, et à y introduire le peuple, parce que, de sa nature, elle leur est de loin supérieure [119]. »
IV. Les processions eucharistiques
59. Par les processions où l’Eucharistie, avec un rite solennel et des chants, est portée par les voies publiques, surtout pour la fête du Corps du Christ, le peuple chrétien offre un témoignage public de sa foi et de sa piété envers ce sacrement.
Cependant l’Ordinaire du lieu est juge de l’opportunité dans les circonstances actuelles, du lieu et de l’organisation de ces processions, afin qu’elles puissent se faire avec dignité et sans dommage pour le respect dû à ce sacrement très saint.
V. L’exposition de la sainte Eucharistie
60. L’exposition de la sainte Eucharistie, avec le ciboire ou avec l’ostensoir, amène les fidèles à y reconnaître l’admirable présence du Christ, et les invite à une communion de cœur avec lui. C’est pourquoi elle favorise très bien le culte en esprit et en vérité qui lui est dû.
On veillera à ce que, dans ces expositions, le culte rendu au Saint-Sacrement apparaisse clairement, au moyen des signes, dans la relation qui l’unit à la Messe. Il importe donc, lorsque l’exposition est solennelle et prolongée, qu’elle se fasse à la fui de la Messe dans laquelle l’hostie à exposer est consacrée, c’est-à-dire après le Benedicamus Domino, en omettant la bénédiction. Dans l’agencement de l’exposition [120], on évitera avec soin tout ce qui pourrait voiler de quelque façon le désir du Christ, qui a institué l’Eucharistie avant tout pour être à notre portée comme notre nourriture, notre réconfort [121].
61. Interdiction de célébrer la messe devant le Saint-Sacrement exposé.
Tant que dure l’exposition du Saint-Sacrement il est interdit de célébrer la messe dans la même nef de l’église, en dépit des Concessions ou traditions contraires, même dignes d’une mention spéciale, en vigueur jusqu’ici.
En effet, outre les motifs apportés au n° 55 de cette Instruction, la célébration du mystère eucharistique inclut de la façon la plus parfaite cette communion intérieure à laquelle l’exposition veut amener les fidèles, et n’a donc pas besoin d’un tel supplément.
Si l’exposition du Saint-Sacrement se prolonge pendant un jour ou pendant plusieurs jours successifs, on doit l’interrompre pendant la célébration de la messe, à moins que celle-ci ne soit célébrée dans une chapelle séparée de la nef de l’exposition où quelques fidèles au moins demeurent en adoration.
Si l’interruption d’une ancienne coutume contraire devait exciter l’étonnement des fidèles, l’Ordinaire du lieu fixera un délai convenable, mais relativement bref, pendant lequel on instruira les fidèles avant de mettre en vigueur une pratique conforme à la règle.
62. Le déroulement du rite d’exposition.
Si l’exposition est courte, le ciboire ou l’ostensoir sont posés sur la table de l’autel ; si elle se prolonge pendant un temps assez long, on peut utiliser un trône, placé plus haut ; mais on évitera qu’il soit trop élevé ou trop éloigné.
Pendant l’exposition, tout sera réglé pour que les fidèles soient appliqués à la prière et attentifs au Christ Seigneur.
Pour alimenter la prière intime, on peut admettre des lectures de la Sainte Ecriture, avec une homélie, ou de brèves exhortations conduisant à une meilleure appréciation du mystère eucharistique. Il convient aussi que les fidèles répondent à la Parole de Dieu par leur chant. H importe de ménager un silence sacré au moment voulu.
A la fin de l’exposition, on donne la bénédiction avec le Saint-Sacrement.
Si l’on utilise la langue vivante, on peut employer, à la place du Tantum ergo qui se chante avant la bénédiction, selon le jugement de la Conférence épiscopale, un autre chant eucharistique.
63. Exposition solennelle annuelle.
Dans les églises où l’Eucharistie est habituellement conservée, on peut faire chaque année une exposition solennelle du Saint-Sacrement qui se prolonge pendant un certain temps, même si elle n’est pas strictement continue, afin que la communauté locale médite et adore ce mystère plus à loisir.
Toutefois on ne fera d’exposition de cette sorte que si l’on prévoit une affluence convenable de fidèles, avec l’assentiment de l’Ordinaire du lieu et en suivant les normes fixées.
64. Exposition prolongée.
Pour une nécessité grave et générale, l’Ordinaire du lieu peut prescrire une supplication devant le Saint-Sacrement exposé, prolongée pendant un temps assez long (et qui peut être strictement continue), à faire dans les églises les plus fréquentées par les fidèles.
65. Interruption de l’exposition.
Lorsque, par manque d’adorateurs, l’exposition ne peut se faire sans interruption, il est permis de reposer le Saint-Sacrement dans le tabernacle à des heures décidées à l’avance et communiquées au public, mais pas plus de deux fois dans la journée, par exemple vers midi et pour la durée de la nuit.
Cette reposition peut se faire de la façon la plus simple et sans aucun chant : le prêtre, revêtu du surplis et de l’étole, après une brève adoration repose le Saint-Sacrement dans le tabernacle. De la même façon, au moment prévu, on fait à nouveau l’exposition : lorsque celle-ci est faite, le prêtre, après une brève adoration, se retire.
66. Les expositions brèves.
Les expositions brèves du Saint-Sacrement, qui ont lieu conformément au droit, seront elles aussi organisées de telle façon qu’avant la bénédiction avec le Saint-Sacrement on accorde, selon l’opportunité, un temps convenable pour des lectures de la Parole de Dieu, des cantiques, des prières et une oraison prolongée quelque temps en silence.
Les Ordinaires des lieux veilleront à ce que ces expositions du Saint-Sacrement se fassent toujours et partout avec le respect nécessaire.
L’exposition qu’on ferait uniquement pour donner la bénédiction après la messe est interdite.
11. Rester dans une attitude d'adoration face au Bon Pasteur présent dans le Saint-Sacrement de l'autel, pour s'entretenir intimement avec lui, constitue une priorité pastorale de loin supérieure à toute autre. Le prêtre qui est guide d'une communauté doit mettre en place cette priorité, afin de se prémunir contre l'aridité intérieure, et pour ne pas devenir un canal asséché, qui ne pourrait plus rien transmettre à personne.
C'est la spiritualité qui s'avère décidément l'œuvre pastorale la plus importante. Tout plan pastoral, ou projet missionnaire, de même que n'importe quel dynamisme dans l'évangélisation, qui feraient abstraction du primat de la spiritualité et du culte divin, seraient voués à l'échec.
21. Quant aux moyens ordinaires de sanctification, le can. 528 établit que le curé doit particulièrement s'efforcer de faire en sorte que la Très Sainte Eucharistie constitue bien le centre de la communauté paroissiale, et que tous les fidèles puissent parvenir à la plénitude de la vie chrétienne grâce à une participation consciente et active à la sainte Liturgie, à la célébration des sacrements, à la vie d'oraison et aux bonnes œuvres.
Le fait que le Code mentionne la réception fréquente de l'Eucharistie et la pratique tout aussi fréquente du sacrement de Pénitence, mérite une considération particulière. Cela suggère qu'il est opportun pour le curé, en établissant les horaires des messes et des confessions dans la paroisse, de considérer quels sont les moments les plus adéquats pour la majorité des fidèles, permettant aussi à ceux qui ont des difficultés particulières d'horaires de s'approcher aisément des sacrements. Les curés devront réserver un soin tout particulier à la confession individuelle dans l'esprit et dans la forme établie par l'Église.89 Ils doivent également se rappeler qu'elle précède nécessairement la première communion des enfants.90 Il faut aussi avoir présent à l'esprit que, pour des motifs pastoraux évidents, afin d'aider les fidèles, les confessions individuelles peuvent être entendues durant la célébration de la messe.91
En outre, il faudra s'employer à " respecter la sensibilité du pénitent concernant le choix de la modalité de la confession, à savoir face à face ou à travers la grille du confessionnal ".92 Le confesseur peut, lui aussi, avoir des raisons pastorales pour préférer l'usage du confessionnal muni d'une grille.93
Il faudra également favoriser au maximum la pratique de la visite au Saint-Sacrement, en disposant et en établissant, de manière fixe, de laisser l'Église ouverte le plus longtemps possible. Beaucoup de curés, de manière très louable, encouragent l'adoration grâce à l'exposition solennelle du Saint-Sacrement et à la bénédiction eucharistique; et ils font l'expérience des fruits de l'adoration au niveau de la vitalité de la paroisse.
La Très Sainte Eucharistie est conservée avec amour dans le tabernacle " comme le cœur spirituel de la communauté religieuse et paroissiale ".94 " Privée du culte eucharistique, comme de son cœur battant, la paroisse devient sans vie ".95 " Si vous voulez que les fidèles prient avec dévotion – disait Pie XII au clergé de Rome – donnez-leur vous-même d'abord l'exemple, à l'église, faisant oraison en leur présence. Un prêtre agenouillé devant le tabernacle, dans une pose digne et dans un profond recueillement, est pour le peuple un sujet d'édification, un avertissement et une invitation à l'émulation dans la prière ".96
Texte intégral (cliquez ici)
1. LA SAINTE RÉSERVE EUCHARISTIQUE
- 129 - «La célébration de l’Eucharistie dans le Sacrifice de la Messe est vraiment la source et le but du culte qui lui est rendu en dehors de la Messe. Mais si les saintes espèces sont conservées après la Messe, c’est principalement pour que les fidèles qui ne peuvent assister à la Messe, surtout les malades et les personnes âgées, s’unissent par la Communion sacramentelle au Christ et à son sacrifice, qui est immolé et offert à la Messe». [219] De plus, le fait de conserver les saintes espèces permet aussi la pratique d’adorer ce grand Sacrement, et de lui accorder le culte de latrie qui est dû à Dieu. Ainsi, il est nécessaire de promouvoir un certain nombre de formes cultuelles d’adoration, non seulement privées, mais aussi publiques et communautaires, instituées ou approuvées vivement par l’Église elle-même.[220]
- 130 - «En fonction des données architecturales de l’église et conformément aux coutumes locales légitimes, le Saint-Sacrement doit être conservé dans un tabernacle placé dans une partie de l’église particulièrement noble, insigne, bien visible et bien décorée», et aussi dans un endroit tranquille «adapté à la prière» [221] , comportant un espace devant le tabernacle, où il est possible de disposer un certain nombre de bancs ou de chaises, avec des agenouilloirs. De plus, il faut suivre attentivement toutes les prescriptions des livres liturgiques et les normes du droit, [222] spécialement dans le but d’éviter tout risque de profanation [223] .
- 131 - En plus des prescriptions contenues dans le can. 934 § 1, il est interdit de conserver le Saint-Sacrement dans un lieu qui n’est pas placé sous l’autorité effective de l’Évêque diocésain, ou dans un endroit où il est exposé au risque d’une profanation. Si un cas de ce genre se présente, l’Évêque diocésain doit immédiatement révoquer la faculté de conserver l’Eucharistie, qui avait été concédée précédemment. [224]
- 132 - Personne ne doit emporter la très sainte Eucharistie chez soi ou dans un autre lieu, ce qui est contraire à la norme du droit. De plus, on doit se souvenir que le fait d’emporter ou de conserver les espèces consacrées à des fins sacrilèges, de même que le fait de les jeter par terre constituent des actes qui entrent dans la catégorie des graviora delicta, dont l’absolution est réservée à la Congrégation pour la Doctrine de la Foi. [225]
- 133 - Le prêtre ou le diacre, ou bien, en l’absence ou en raison de l’empêchement du ministre ordinaire, le ministre extraordinaire, qui transporte la très sainte Eucharistie pour donner la Communion à un malade, doit se rendre directement, si possible, depuis le lieu, où le Sacrement est conservé, jusqu’au domicile du malade, en s’abstenant de toute autre occupation durant le trajet, pour éviter ainsi tout risque de profanation et faire preuve du plus grand respect envers le Corps du Christ. Il faut toujours observer le rite de l’administration de la Communion aux malades, tel qu’il est prescrit dans le Rituel Romain. [226]
2. QUELQUES FORMES DU CULTE DE LA TRÈS SAINTE EUCHARISTIE EN DEHORS DE LA MESSE
- 134 - «Le culte rendu à l’Eucharistie en dehors de la Messe est d’une valeur inestimable dans la vie de l’Église. Ce culte est étroitement uni à la célébration du Sacrifice eucharistique». [227] Ainsi, il faut promouvoir avec ardeur la dévotion, tant publique que privée, envers la très sainte Eucharistie, y compris en dehors de la Messe, afin que les fidèles rendent un culte d’adoration au Christ vraiment et réellement présent, [228] lui qui est le «grand prêtre des biens à venir» [229] et le Rédempteur de l’univers. «Il revient aux pasteurs d’encourager, y compris par leur témoignage personnel, le culte eucharistique, particulièrement les expositions du Saint-Sacrement, de même que l’adoration devant le Christ présent sous les espèces eucharistiques». [230]
- 135 - «Qu’au cours de la journée», les fidèles «ne négligent point de rendre visite au Saint-Sacrement... Car la visite est, envers le Christ Notre-Seigneur, présent en ce lieu, une marque de gratitude, un gage d’amour et un hommage de l’adoration qui lui est due». [231] En effet, comme cela apparaît d’une manière éclatante dans l’exemple de nombreux saints, la contemplation de Jésus présent dans le Saint-Sacrement, en tant qu’elle est une communion de désir, unit étroitement le fidèle au Christ. [232] «Sauf si une raison grave s’y oppose, l’église dans laquelle la très sainte Eucharistie est conservée restera ouverte aux fidèles au moins quelques heures par jour, afin qu’ils puissent prier devant le très saint Sacrement».[233]
- 136 - L’Ordinaire doit encourager très vivement l’adoration eucharistique, avec le concours du peuple, qu’elle soit brève, ou prolongée, ou bien perpétuelle. En effet, dans les années récentes, alors que dans beaucoup «d’endroits, l’adoration du Saint-Sacrement a une large place chaque jour et devient source inépuisable de sainteté», il y a aussi des lieux «où l’on note un abandon presque complet du culte de l’adoration eucharistique». [234]
- 137 - L’exposition de la très sainte Eucharistie doit toujours être faite en suivant les prescriptions des livres liturgiques. [235] En présence du Saint-Sacrement conservé ou exposé, il est possible aussi de prévoir la prière mariale du Rosaire, qui est merveilleuse «de simplicité et de profondeur». [236] Cependant, si on prie le Rosaire en présence du Saint-Sacrement, surtout s’il est exposé, il faut mettre en lumière la nature de cette prière en tant que contemplation des mystères de la vie du Christ Rédempteur et du dessein de salut du Père tout-puissant, en recourant principalement à des lectures choisies dans la Sainte Écriture. [237]
- 138 - Toutefois, il ne faut jamais laisser le Saint-Sacrement exposé, même pour une durée très brève, sans une surveillance suffisante. Il faut donc faire en sorte que quelques fidèles soient toujours présents, au moins à tour de rôle, durant des périodes déterminées.
- 139 - Dans les lieux où l’Évêque diocésain a député des ministres sacrés ou d’autres personnes pour exposer le Saint-Sacrement, les fidèles ont le droit de venir souvent visiter le très Saint-Sacrement de l’Eucharistie pour l’adorer, et ils ont le droit de participer, au moins un certain nombre de fois dans l’année, à l’adoration de la très Sainte Eucharistie exposée.
- 140 - Il est vivement recommandé que, dans les villes ou du moins dans les cités les plus importantes, l’Évêque diocésain désigne une église pour l’adoration perpétuelle, dans laquelle cependant la sainte Messe sera célébrée fréquemment, et même si possible, chaque jour, tout en veillant strictement à interrompre l’exposition du Saint-Sacrement pendant le temps de la célébration. [238] Il convient que l’hostie, qui doit être exposée pendant l’adoration, soit consacrée au cours de la Messe, qui précède immédiatement le temps de l’adoration, et qu’elle soit placée dans l’ostensoir, sur l’autel, après la communion. [239]
- 141 - L’Évêque diocésain doit reconnaître et encourager autant qu’il le peut, le droit des fidèles de constituer des confréries et des associations destinées à la pratique de l’adoration du Saint-Sacrement, y compris perpétuelle. Quand des associations de ce genre acquièrent une dimension internationale, il revient à la Congrégation pour le Culte Divin et la Discipline des Sacrements de les ériger ou d’approuver leurs statuts. [240]
Note explicative pour augmenter dans les diocèses
(paroisses, rectorats, chapelles, monastères, couvents, séminaires)
la pratique de l’adoration eucharistique continuée
à l’intention de tous les prêtres et des vocations sacerdotales
Dans son Exhortation apostolique « Sacramentum Caritatis », notre Saint-Père le pape Benoît XVI a concrétisé le pérenne enseignement de l’Église sur le caractère central de l’adoration eucharistique dans la vie ecclésiale, à travers un appel concernant l’adoration perpétuelle, adressé à tous les pasteurs, évêques et prêtres, et au peuple de Dieu : « Avec l’assemblée synodale, je recommande donc vivement aux Pasteurs de l’Église et au peuple de Dieu la pratique de l’adoration eucharistique, qu’elle soit personnelle ou communautaire. (194) À ce propos, une catéchèse adaptée, dans laquelle on explique aux fidèles l’importance de cet acte de culte qui permet de vivre plus profondément et avec davantage de fruit la célébration liturgique elle-même, sera d’un grand profit. Ensuite, dans les limites du possible, surtout dans les zones les plus peuplées, il conviendra de choisir des églises ou des oratoires pour les réserver tout spécialement à l’adoration perpétuelle. En outre, je recommande que dans la formation catéchétique, en particulier dans les parcours de préparation à la Première Communion, les enfants soient conduits au sens et à la beauté du fait de se tenir en compagnie de Jésus, en cultivant la stupeur pour sa présence dans l’Eucharistie. » (Sacramentum Caritatis, n° 67)
Pour favoriser l’appel du Saint-Père, la Congrégation pour le Clergé, dans sa sollicitude envers les prêtres, propose que :
1. chaque diocèse donne mandat à un prêtre de se consacrer à plein temps – dans la mesure du possible – au ministère spécifique de la promotion de l’adoration eucharistique et à la coordination dans le diocèse de cet important service. En se dévouant généreusement à un tel ministère, il aura lui-même la possibilité de vivre cette dimension particulière de vie liturgique, théologique, spirituelle et pastorale, si possible en un lieu spécialement réservé à cet effet, choisi par son évêque, et où les fidèles pourront bénéficier de l’adoration eucharistique perpétuelle. De même qu’il existe des sanctuaires mariaux, avec des recteurs préposés à un ministère particulier adapté aux exigences spécifiques, il pourra y avoir des sortes de « sanctuaires eucharistiques » avec des prêtres responsables, qui rayonnent et promeuvent l’amour spécial de l’Église pour la Très sainte Eucharistie, dignement célébrée et continuellement adorée. Un tel ministère, à l’intérieur du presbytérium, rappellera à tous les prêtres diocésains, comme l’a dit Benoît XVI, que « c’est précisément dans l’Eucharistie que réside le secret de leur sanctification (…) le prêtre doit être avant tout un adorateur et un contemplatif de l’Eucharistie » (Angélus du 18 septembre 2005) ;
2. l’on détermine des lieux spécifiques à réserver à l’adoration eucharistique continuée. Dans ce but, les curés, recteurs et aumôniers sont encouragés à introduire dans leurs communautés la pratique de l’adoration eucharistique tant personnelle que communautaire, selon les possibilités de chacun et dans un effort collectif de développement de la vie de prière. On ne négligera pas d’impliquer dans cette pratique toutes les forces vives, à commencer par les enfants qui se préparent à la première communion ;
3. les diocèses intéressés par un tel projet pourront rechercher des aides appropriées pour organiser l’adoration eucharistique continuée au séminaire, dans les paroisses, les rectorats, les oratoires, les sanctuaires, les monastères, les couvents. La Providence divine ne manquera pas de susciter des bienfaiteurs qui contribuent à la réalisation de ce projet de renouveau eucharistique des Églises particulières, comme par exemple à travers la construction ou l’adaptation d’un lieu de culte pour l’adoration, à l’intérieur d’un grand édifice de culte ; l’achat d’un ostensoir solennel ou d’un noble ornement liturgique ; la subvention de matériel liturgique, pastoral et spirituel destiné à l’adoration ;
4. les initiatives destinées au clergé local, surtout celles qui sont relatives à sa formation permanente, devront toujours être imprégnées d’un climat eucharistique ; il sera justement favorisé par un temps notable consacré à l’adoration du Saint-Sacrement, de manière que celle-ci devienne, avec la messe, la force motrice de tout engagement individuel et communautaire ;
5. les modalités de l’adoration eucharistique dans les différents lieux pourront être variées, selon les possibilités concrètes. Par exemple :
- adoration eucharistique perpétuelle au cours des 24 heures ;
- adoration eucharistique continuée, des premières heures du matin jusqu’au soir ;
- adoration eucharistique de … h à … h pour chaque jour ;
- adoration eucharistique de … h à … h pour un ou plusieurs jours par semaine ;
- adoration eucharistique pour des circonstances particulières telles que fêtes ou anniversaires.
La Congrégation pour le Clergé exprime toute sa gratitude aux Ordinaires qui voudront bien être les animateurs d’un tel projet, qui ne manquera pas d’apporter un renouveau spirituel au clergé et au peuple de Dieu de leurs Églises particulières.
Afin de pouvoir suivre de près le développement de ce que désire le Saint-Père, les ordinaires intéressés par cette initiative sont priés de signaler au présent dicastère les développements de l’adoration eucharistique continuée, dans leurs diocèses, en précisant surtout quels prêtres et lieux ont été impliqués dans cet important apostolat eucharistique.
La Congrégation pour le Clergé ne manquera pas, là où c’est requis, d’apporter d’éventuels éclaircissements en la matière.
Du Vatican, le 8 décembre 2007
Solennité de l’Immaculée Conception de Marie
(1) Par « adoration eucharistique continuée » on entend non seulement l’adoration ininterrompue, 24 heures sur 24, mais aussi l’adoration continuée du matin au soir. Cette dernière, en effet, sera davantage à la portée des prêtres et des fidèles de petites communautés. Bien évidemment, là où le nombre des fidèles est plus élevé et où il y a une effective disponibilité, on pourra étudier la possibilité de parvenir à maintenir sans interruption l’exposition de l’Eucharistie.
Liens entre la célébration de la Messe et l'Adoration eucharistique
Objection : un certain nombre de personnes ne voient pas le lien entre la messe et l’adoration et pensent que l’adoration risque de détourner les fidèles de la messe. Voilà quelques extraits du magistère...
"L'Assemblée des Évêques a voulu attirer l'attention sur l'importance de la relation intrinsèque entre célébration eucharistique et adoration. Dans cet aspect significatif de la foi de l'Église, se trouve l'un des éléments décisifs du chemin ecclésial, réalisé après la réforme liturgique voulue par le Concile Vatican II. Alors que la réforme accomplissait ses premiers pas, le rapport intrinsèque entre la Messe et l'adoration du Saint-Sacrement ne fut parfois pas assez clairement perçu. Une objection alors diffuse se faisait jour, par exemple, dans l'affirmation selon laquelle le Pain eucharistique ne nous serait pas donné pour être contemplé, mais pour être mangé. En réalité, à la lumière de l'expérience de prière de l'Église, une telle opposition se révélait privée de tout fondement. Déjà saint Augustin avait dit: « nemo autem illam carnem manducat, nisi prius adoraverit;... peccemus non adorando – Que personne ne mange cette chair sans d'abord l'adorer;... nous pécherions si nous ne l'adorions pas ». Dans l'Eucharistie, en effet, le Fils de Dieu vient à notre rencontre et désire s'unir à nous; l'adoration eucharistique n'est rien d'autre que le développement explicite de la célébration eucharistique, qui est en elle-même le plus grand acte d'adoration de l'Église. Recevoir l'Eucharistie signifie se mettre en attitude d'adoration envers Celui que nous recevons. C'est ainsi, et seulement ainsi, que nous devenons un seul être avec Lui et que nous goûtons par avance, d'une certaine façon, la beauté de la liturgie céleste. L'acte d'adoration en dehors de la Messe prolonge et intensifie ce qui est réalisé durant la Célébration liturgique elle-même. En fait, « ce n'est que dans l'adoration que peut mûrir un accueil profond et vrai. Et c'est bien par cet acte personnel de rencontre avec le Seigneur que mûrit ensuite la mission sociale qui est renfermée dans l'Eucharistie et qui veut briser les barrières non seulement entre le Seigneur et nous, mais aussi et surtout les barrières qui nous séparent les uns des autres". (Benoît XVI, Sacramentum Caritatis, 66)
"L'adoration est une prière qui prolonge la célébration et la communion eucharistique et dans laquelle l'âme continue à se nourrir: elle se nourrit d'amour, de vérité, de paix; elle se nourrit d'espérance, parce que Celui devant lequel nous nous prosternons ne nous juge pas, ne nous écrase pas, mais nous libère et nous transforme" (Benoît XVI, homélie Fête-Dieu, 2008)
Le mystère eucharistique – sacrifice, banquet, présence – n'admet ni réduction ni manipulation; il doit être vécu dans son intégrité, que ce soit dans l'acte de la célébration ou dans l'intime échange avec Jésus que l'on vient de recevoir dans la communion, ou encore dans le temps de prière et d'adoration eucharistique en dehors de la Messe… (Jean-Paul II, Ecclesia de Eucharistia, 61)
"Il convient tout particulièrement, aussi bien dans la célébration de la Messe que dans le culte eucharistique hors de la Messe, de développer une vive conscience de la présence réelle du Christ, en prenant soin d’en témoigner par le ton de la voix, par les gestes, par les mouvements, par le comportement tout entier. À cet égard, les normes rappellent - et j’ai eu moi-même l’occasion de le rappeler récemment - l’attention qui doit être portée aux moments de silence dans la célébration comme dans l’adoration eucharistique. En un mot, il est nécessaire que les ministres et les fidèles traitent l’Eucharistie avec un très grand respect. La présence de Jésus dans le tabernacle doit constituer comme un pôle d’attraction pour un nombre toujours plus grand d’âmes pleines d’amour pour lui et capables de rester longuement à écouter sa voix et à entendre presque les battements de son cœur. «Goûtez et voyez : le Seigneur est bon!» (Ps 33 [34], 9). En cette année, puisse l’adoration eucharistique en dehors de la Messe, constituer un souci tout spécial des communautés paroissiales et religieuses ! Restons longuement prosternés devant Jésus présent dans l’Eucharistie, réparant ainsi par notre foi et notre amour les négligences, les oublis et même les outrages que notre Sauveur doit subir dans de nombreuses parties du monde. Dans l’adoration, puissions-nous approfondir notre contemplation personnelle et communautaire, en nous servant aussi de textes de prière toujours imprégnés par la Parole de Dieu et par l’expérience de nombreux mystiques anciens ou plus récents! Le Rosaire lui-même, entendu dans son sens le plus profond, biblique et christocentrique, que j’ai recommandé dans la Lettre apostolique Rosarium Virginis Mariæ, pourra être une voie particulièrement adaptée à la contemplation eucharistique, réalisée en compagnie de Marie et à son école." (Mane Nobiscum Domine, 18, Jean-Paul II, 2004)
"Un tel culte qui s’adresse par conséquent à la Trinité du Père, du Fils et de l’Esprit Saint, accompagne et pénètre avant tout la célébration de la liturgie eucharistique. Mais il doit aussi remplir nos sanctuaires même hors des heures de messe. Puisque le mystère eucharistique a été institué par amour et qu’il nous rend le Christ sacramentellement présent, il est digne en vérité d’action de grâces et de culte. Ce culte doit apparaître dans chacune de nos rencontres avec le Saint-Sacrement, quand nous visitons nos églises, ou quand les saintes espèces sont portées et administrées aux malades. L’adoration du Christ dans ce sacrement d’amour doit trouver ensuite son expression en diverses formes de dévotion eucharistique : prière personnelle devant le Saint-Sacrement, heures d’adoration, expositions brèves, prolongées, annuelles (quarante heures), bénédictions eucharistiques, processions eucharistiques, congrès eucharistiques.
Le culte eucharistique est donc justement une expression de cet amour, qui est la caractéristique authentique et la plus profonde de la vocation chrétienne. Ce culte jaillit de l'amour et sert à l'amour, auquel nous sommes tous appelés en Jésus-Christ (22). La perfection de l'image de Dieu que nous portons en nous, image qui correspond à celle que le Christ nous a révélée, est un fruit vivant de ce culte. En devenant ainsi des adorateurs du Père " en esprit et en vérité " (23), nous croissons dans une union toujours plus parfaite avec le Christ, nous Lui sommes toujours plus unis et - s'il est permis de s'exprimer ainsi - nous sommes toujours plus solidaires de Lui." (Dominicae Cenae, le Mystère et le culte de la Sainte Eucharistie, Jean-Paul II, 24 février 1980)
Laissez les comprendre que par ce type de prière devant le Christ au Saint-Sacrement, ils prolongent cette union qu’ils ont acquise avec lui dans la communion, et renouvellent l’alliance qui les engage à pratiquer dans leur vie et leur conduite ce qu’ils ont reçu dans la foi dans la célébration de l’Eucharistie et dans la réception du sacrement. (Eucharstiae Sacramentum, 21 juin 1973)
Les fidèles, lorsqu’ils adorent le Christ présent dans le Saint-Sacrement, doivent se rappeler que cette présence dérive du Sacrifice et tend à la communion tout à la foi sacramentelle et spirituelle (Congrégation des Rites, Instruction sur le culte de l’Eucharistie, Eucharsiticum Mysterium, 25 Mai 1967).
En conséquence, la dévotion qui amène les fidèles à rendre visite au Saint-Sacrement les rapproche toujours plus de la participation du Mystère Pascal. (50. Eucharsiticum Mysterium, 25 Mai 1967. Instruction sur le culte du mystère eucharistique.)
La célébration de l’Eucharistie dans le sacrifice de la Messe est l’origine et la consommation du culte envers l’Eucharistie hors de la Messe. (Eucharisticum Mysterium, 25 Mai 1967)
Le mystère de l’Eucharistie doit donc être considéré dans toute sa plénitude, non pas seulement dans la célébration de la messe, mais aussi dans le culte des espèces sacrées qui restent après la messe et sont réservées pour étendre la grâce du sacrifice. (g. Eucharsiticum Mysterium, 25 Mai 1967. Instruction sur le culte du mystère eucharistique.)
" L’Église Catholique fait profession de rendre ce culte d’adoration au Sacrement de l’Eucharistie non seulement durant la Messe mais aussi en dehors de sa célébration " (Mysterium Fidei, Paul VI, 1965)
Excellence Révérendissime,
Il y a vraiment tant à faire pour le véritable bien du clergé et pour la fécondité du ministère pastoral dans les circonstances actuelles. Mais c’est bien pour ce motif que, gardant la ferme résolution de relever ces défis sans éluder les difficultés ni les efforts nécessaires, bien conscients que l’agir est une conséquence de l’être et que l’âme de tout apostolat est l’intimité divine, nous désirons partir d’un mouvement spirituel qui, faisant prendre toujours plus conscience du lien ontologique entre l’Eucharistie et le sacerdoce ainsi que de la maternité spéciale de Marie vis-à-vis de tous les prêtres, donne naissance à une chaîne d’adoration perpétuelle pour la sanctification des clercs, et lance un mouvement d’engagement des âmes féminines consacrées pour qu’elles veuillent bien, à l’image de la Bienheureuse Vierge Marie, Mère du Grand Prêtre éternel et Associée à son œuvre de rédemption, adopter spirituellement des prêtres, pour les aider à travers l’offrande de leur personne, l’oraison et la pénitence. L’adoration comprend toujours l’acte de réparation pour ses propres fautes et, dans les circonstances actuelles, l’on suggère d’inclure une intention particulière en ce sens.
Selon les données constantes de la Tradition, le mystère et la réalité de l’Église ne se réduisent pas à la structure hiérarchique, à la liturgie, aux sacrements et aux dispositions juridiques. En effet, la nature intime de l’Église et l’origine première de son efficacité sanctificatrice doivent être recherchées dans l’union mystique avec le Christ.
Selon la doctrine et la structure même de la constitution dogmatique Lumen Gentium, une telle union ne peut être conçue comme séparée de celle qui est la Mère du Verbe Incarné et que Jésus a voulue intimement unie à Lui pour le salut de tout le genre humain.
Ce n’est donc pas un hasard si le jour même où la constitution dogmatique sur l’Église était promulguée – le 21 novembre 1964 –, Paul VI proclamait Marie « Mère de l’Église », c’est-à-dire mère de tous les fidèles et de tous les pasteurs.
Et le concile Vatican II – à propos de la Bienheureuse Vierge Marie – s’exprime ainsi : « En concevant le Christ, en l’enfantant, le nourrissant, le présentant au Père dans le temple, en souffrant avec son Fils mourant sur la croix, elle a coopéré d’une manière toute spéciale par son obéissance, sa foi, son espérance et son ardente charité, à l’œuvre du Sauveur de restaurer la vie surnaturelle dans les âmes. Voilà pourquoi elle fut pour nous la mère dans l’ordre de la grâce » (LG n° 61).
Sans rien ajouter ni retrancher à l’unique médiation du Christ, la toujours Vierge est reconnue et invoquée, dans l’Église, avec les titres d’Avocate, d’Auxiliatrice, de Secours, de Médiatrice; elle est le modèle de l’amour maternel qui doit animer tous ceux qui coopèrent, à travers la mission apostolique de l’Église, à la régénération de l’humanité tout entière (cf. LG n° 65).
A la lumière de ces enseignements, qui font partie de l’ecclésiologie du concile Vatican II, les fidèles, en tournant leur regard vers Marie – exemple resplendissant de toute vertu –, sont appelés à imiter la première disciple, la mère, à laquelle, en la personne de Jean – au pied de la croix (cf. Jn 19, 25-27) – chaque disciple a été confié ; ainsi, en devenant ses enfants, ils apprennent d’elle le véritable sens de la vie en Christ.
C’est ainsi – et précisément à partir de la place occupée et du rôle joué par la Vierge très sainte dans l’histoire du salut – que l’on entend confier de manière toute particulière à Marie, la Mère du Grand Prêtre éternel, tous les prêtres et susciter dans l’Église un mouvement de prière centré sur l’adoration eucharistique continuée dans le cours des vingt-quatre heures, afin que de partout dans le monde une prière d’adoration, d’action de grâces, de louange, de demande et de réparation s’élève toujours et sans cesse vers Dieu, dans le but principal de susciter un nombre suffisant de saintes vocations à l’ordre sacerdotal et, en même temps, d’accompagner spirituellement – au niveau du Corps Mystique –, dans une sorte de maternité spirituelle, ceux qui ont déjà été appelés au sacerdoce ministériel et qui sont ontologiquement conformés à l’unique Grand Prêtre éternel, afin qu’ils Le servent toujours mieux, ainsi que leurs frères, comme ceux qui sont à la fois « dans » l’Église mais aussi « face » à l’Église à la place du Christ, le représentant comme tête, pasteur et époux de l’Église (cf. PdV n° 16).
Il est donc demandé à tous les ordinaires diocésains qui ressentent particulièrement la spécificité et le caractère irremplaçable du ministère ordonné dans la vie de l’Église, ainsi que l’urgence d’une action commune en faveur du sacerdoce ministériel, de prendre part activement à la promotion – auprès des différentes portions du peuple de Dieu qui leur sont confiées – de véritables cénacles où les membres du clergé, les religieux et les laïcs se consacrent, unis entre eux et dans un véritable esprit de communion, à la prière, sous la forme de l’adoration eucharistique continuée, également dans un esprit de réparation et de purification réelles et authentiques. Au besoin un opuscule est annexé, destiné à mieux faire comprendre quel est le caractère de cette initiative, pour adhérer en esprit de foi au projet présenté ici.
Que Marie, Mère de l’unique Grand Prêtre éternel, bénisse la présente initiative et intercède auprès de Dieu en demandant un authentique renouvellement de la vie sacerdotale à partir de l’unique modèle possible : Jésus Christ, le Bon Pasteur !
Je vous présente cordialement mes respects dans le lien de la communio ecclésiale, avec des sentiments d’intense affection collégiale.
Cláudio Card. Hummes
Préfet
X Mauro Piacenza Secrétaire
Du Vatican, 8 décembre 2007
Solennité de l’Immaculée Conception de la B.V. Marie