Les Pères de l’Eglise

Saint André, Apôtre et premier appelé

Des témoins de son martyr nous rapportent que le saint mourant, s’adressa alors à Egeus, qui lui avait demandé d’offrir des sacrifices pour les dieux, en ces termes :

J’offre tous les jours un sacrifice au Dieu tout puissant, l’Agneau Immaculé. Bien qu’il soit entièrement et réellement offert, et bien que les croyants mangent sa chair, il reste un, entier et vivant.

Didaché (60-100)

Le jour du Seigneur, rassemblez-vous pour rompre le pain et rendre grâce, mais avant tout confessez vos péchés, pour que votre sacrifice soit pur. Cependant que personne ne se disputant avec son frère ne joigne le rassemblement jusqu’à qu’ils soient réconciliés, votre sacrifice ne doit pas être souillé. Car nous avons les paroles du Seigneur : “ Mon nom est grand chez les nations, et en tout lieu un sacrifice d’encens est présenté à mon Nom ainsi qu’une offrande pure ” (Mal 1, 11).

Saint Justin, martyr, 150

Justin était originaire de Samarie. Après s’être converti, il ouvrit à Rome une école de philosophie. Vers 150, il écrivit un livre où il argumentait avec les Juifs et il adressa à l’empereur Antonin, une Apologie des chrétiens. Dénoncé par un collègue, il professa fermement sa foi devant le juge et il fut condamné à mort avec six autres chrétiens, vers 165.

Personne ne sait prendre part à l’Eucharistie, sinon celui qui croit à la vérité de notre doctrine, qui a été baptisé pour obtenir le pardon des péchés et la nouvelle naissance, et qui vit selon l’enseignement que le Christ a transmis. Car nous ne prenons pas l’Eucharistie comme un pain ordinaire ou une boisson ordinaire. De même que Jésus-Christ notre Sauveur, en s’incarnant par la parole de Dieu a prit chair et sang pour notre salut : ainsi l’aliment devenu eucharistique par la prière de sa parole, et qui nourrit notre sang et notre chair en les transformant, cet aliment est la chair et le sang de ce Jésus qui s’est incarné.

Origène (185-253)

Prêtre en 230, il s’établit en 231 à Césarée et mourut des suites de tortures subies au cours des persécutions de Dèce. Il a été le premier grand philosophe chrétien. S’appuyant sur l’interprétation de l’Écriture et sur la philosophie grecque, il a opéré la première synthèse de la théologie à ses débuts (Sur les principes, Contre Celse).

Vous, qui d’habitude assistez aux divins mystères, quand vous recevez le corps du Seigneur, veillez à le regarder avec tout le soin et la vénération possible, afin que pas un fragment ne tombe à terre et que rien ne se perde du don consacré.

In Ex. hom 13, 3

Saint Hilaire de Poitiers (315-367)

Né à Poitiers en 315, de parents païens, marié, étudia la philosophie puis découvrit la Bible et se convertit. Evêque de Poitiers vers 350, il combattit l’arianisme, en expulsant les évêques et prêtres ariens. Exilé pendant 4 ans, en Phrygie, il revint à Poitiers en 361, et y mourut en 367. Auteur d’un Traité de la Trinité, il influença saint Augustin. Nommé Docteur en 1851, et Père de l’Eglise par Pie IX.

La réalité de sa chair et de son sang ne laisse de place à aucune ambiguïté, et selon l’enseignement du Seigneur en personne, et selon notre foi, il s’agit d’une chair véritable et d’un sang véritable. Lorsque nous les recevons et que nous les absorbons, ces substances nous mettent dans le Christ et mettent le Christ en nous.

Seule l’adoration permet de connaître Dieu.

Saint Ephrem (306-373)

Père de l’Eglise et écrivain syriaque, né à Nisibe (Nusaybin) en Syrie, vers 306, diacre, poète, assista saint Jacques, puis alla à Edesse (Urfa), en Turquie, en 363, après la prise de Nisibe par Sapor II, mort en 373. Il mena l’école d’Edesse, ville de Mésopotamie, à son apogée, vers 340. Nommé docteur de l’Eglise par Benoît XV, surnommé la Lyre du Saint-Esprit.

Étendant la main, Jésus donna à ses disciples le pain que sa droite avait consacré : prenez, dit-il, mangez en tous de ce que ma parole a consacré. Ce que je vous ai maintenant donné, ne croyez pas que c’est du pain, recevez-le, mangez-le, ne le brisez pas en miettes. Ce que j’ai appelé mon corps l’est en réalité. Ma plus petite de ses parcelles peut sanctifier des milliers d’âmes et suffit pour donner la vie à ceux qui la reçoivent. Recevez, mangez avec foi, sans hésiter, car c’est mon corps, et celui qui le mange avec foi, sans hésiter, car c’est mon corps divin.

Dans ton pain est caché l’Esprit qui ne se mange pas, dans ton vin réside le feu qui se ne boit pas, le feu de la miséricorde descend dans le pain et demeure…

Lorsque les disciples eurent reçu de la main droite de Jésus la coupe du salut, ils s’approchèrent et burent tous, les uns après les autres. En leur donnant la coupe à boire, le Christ leur expliqua que le calice qu’ils buvaient était son sang : Ceci est mon vrai sang versé pour tous ; prenez buvez-en tous. C’est la nouvelle Alliance en mon sang. Vous ferez comme vous m’avez vu faire en souvenir de moi.

Saint Jérôme (347-420)

Saint Jérôme, prêtre et docteur de l’Eglise, séjourna à plusieurs reprises à Rome où il fut secrétaire du pape Damase, mais il passa les trente-cinq dernières années de sa vie à Bethléem, près de la grotte où Jésus était né. C’est là que, dans la présence et la prière, il se livra à l’étude assidue de la Bible dont il fut le traducteur en langue latine, et le commentateur.

Quand nous allons recevoir le corps du Christ – celui qui a la foi le comprend – et que nous laissions tomber un fragment à terre, nous nous mettons en danger.

In Ps 147, 14

Saint Cyrille de Jérusalem (315-387)

L’Evêque Cyrille de Jérusalem connut de multiples tribulations pour défendre la foi en la divinité du Christ. Il fut exilé à trois reprises. Il a laissé des catéchèses baptismales qui font connaître comment on préparait les adultes au baptême dans la seconde moitié du 4è siècle.

Lorsque tu t’avances, ne marche pas les mains grandes ouvertes devant toi, les doigts écartés, mais fais de ta main gauche un trône pour la main droite qui doit recevoir le Roi, puis recourbe en creux la paume de celle-ci et prends possession du Corps du Christ en disant : « Amen ». Alors, avec le plus grand soin, sanctifie tes yeux par le contact du corps sacré et consomme-le… Puis attends la prière et remercie Dieu qui t’as honoré de ses mystères.

Puis, nous supplions le Dieu philanthrope d’envoyer l’Esprit Saint sur les dons ici déposés, pour faire le pain corps du Christ, et le vin sang du Christ ; car tout ce que touche l’Esprit Saint, cela devient sanctifié et transformé.

Sois vigilant pour ne rien perdre du corps du Seigneur. Si jamais tu laissais tomber quelque chose, tu devrais le regarder comme un membre de ton propre corps que tu aurais taillé. Dis-moi, je t’en prie, si quelqu’un te donnait des pépites d’or, ne le garderais-tu pas par hasard avec la plus grande précaution et le plus grand soin, attentif à ne rien perdre ? Ne devrais-tu pas soigner avec une attention et une vigilance encore plus grande le corps du Seigneur, afin que rien, pas même une parcelle, ne tombe à terre, puisque ce corps est infiniment plus précieux que l’or et les pierres précieuses ?

Cath Myst, 5, 21 (PG 33, 1125.

Théodore de Mopsueste (350-428)

Théodore de Mopsueste est né à Antioche. Il fut ordonné prêtre vers 383 et devint évêque de Mopsueste en Cilicie en 392. Il mourut en 428, estimé de tous pour sa science et son orthodoxie. Ce n’est qu’un siècle plus tard que, mêlé à la controverse nestorienne, il fut condamné au concile de Constantinople de 553.

Que chacun de nous s’approche pour communier, comme s’il payait une sorte de dette par son adoration, en faisant une profession de foi en recevant le Corps du Roi. Toi, pourtant, après avoir reçu le Corps du Christ dans tes propres mains, adore-le avec grand amour et sincérité, fixe-le de tes yeux et embrasse le !

Hom Catech 17, 26

Saint Jean Chrysostome (340-407)

Né à Antioche, moine, prêtre en 386, évêque de Constantinople en 398, célèbre pour son éloquence, surnommé « Bouche d’or ». Un des quatre grands Docteurs et Père de l’Eglise grecque, Patriarche de Constantinople, déclaré par Pie X patron des orateurs chrétiens. Il mourut en 407, en exil à Comane, dans le Pont, pour avoir critiqué l’inconduite de l’impératrice Eudoxie, épouse d’Arcadius.

Puisque le Verbe a dit : Ceci est mon corps, acceptons-le, croyons-le, regardons-le avec les yeux de l’esprit. Car Jésus ne nous a rien laissé de sensible, mais il nous a laissés sous des objets sensibles, des vérités spirituelles.

Combien disent : je voudrais voir Sa figure, Ses traits, Sa beauté moins que Ses vêtements… Mais, dans l’Eucharistie, c’est lui-même que vous voyez, lui-même que vous touchez, lui-même que vous mangez. Pensez-y et adorez, car c’est le même qui est aux Cieux et que les anges adorent !

Qui donc doit être plus pur que celui qui participe à ce sacrifice ? Quel rayon de soleil ne doit point céder en splendeur à la main qui distribue cette chair, à la bouche qui est remplie de ce feu spirituel, à la langue qui est rougie de ce redoutable sang ? Songez à l’honneur que l’on vous fait, et à quelle table vous êtes assis. Celui que les anges ne regardent qu’en tremblant, ou plutôt qu’ils n’osent regarder à cause de l’éclat qui en émane, est celui-là même qui nous sert de nourriture, qui se mélange à nous, et avec qui nous ne faisons plus qu’une seule chair et qu’un seul corps.

Inclinons-nous devant Dieu, sans protester, même si ce qu’Il nous dit paraît contraire à notre intelligence ; sa parole doit prévaloir sur celles-ci. Agissons de même à l’égard du Mystère, sans nous arrêter à ce qui tombe sous les sens mais en adhérant à ses paroles, car sa parole ne peut tromper.

Quand tu vois le Seigneur immolé et étendu, et le prêtre incliné sur le sacrifice et en prière, et tout le peuple rougi par ce sang si précieux, penses-tu être encore parmi les hommes sur la terre ? N’es-tu pas plutôt transféré dans les cieux, ayant déposé toute pensée charnelle, pour contempler ce qui se fait, avec l’âme nue et l’esprit purifié ? O miracle, ô divine philanthropie !

De sacerdotio. Lire III, n° 4 ; P.G., t. XLVIII, col 642

Révérez donc, révérez cette table, à laquelle nous participons tous, et, placé sur elle en sacrifice, le Christ immolé pour nous

De Epist. ad Rom., VIII, n° 8 ; P.O., t LXII, col. 131

Même si quelqu’un, par ignorance, s’approche de la communion, empêche-le, sans craindre quoi que ce soit. Crains Dieu, mais non pas l’homme. Si tu crains en effet l’homme, celui-ci te méprisera ; si, en revanche, tu crains Dieu, alors tu seras aussi respecté des hommes. Je serais prêt à mourir plutôt que de donner le sang du Seigneur à une personne indigne ; je verserais mon sang, plutôt que de donner le sang vénérable du Seigneur d’une manière inconvenable.

Hom 82, 6, in Eu Io. (PG 58, 746)

“Honorer le corps du Christ”

« Tu veux honorer le Corps du Christ ? Ne le méprise pas lorsqu’il est nu. Ne l’honore pas ici dans l’église, par des tissus de soie, tandis que tu le laisses dehors souffrir du froid et du manque de vêtements. Car celui qui a dit : “Ceci est mon Corps” (1 Co 11,24), et qui l’a réalisé en le disant, c’est lui qui a dit : “Vous m’avez vu avoir faim, et vous ne m’avez pas donné à manger” (Mt 25,42), et aussi : “Chaque fois que vous ne l’avez pas fait à l’un de ces petits, c’est à moi que vous ne l’avez pas fait“ (Mt 25,45). Ici le Corps du Christ n’a pas besoin de vêtements, mais d’âmes pures ; là-bas, il a besoin de beaucoup de sollicitude. »

Apprenons donc à vivre selon la sagesse et à honorer le Christ comme il le veut lui-même. Car l’hommage qui lui est le plus agréable est celui qu’il demande, non celui que nous-mêmes choisissons. Lorsque Pierre croyait l’honorer en l’empêchant de lui laver les pieds, ce n’était pas de l’honneur, mais tout le contraire. Toi aussi, honore-le de la manière prescrite par lui en donnant ta richesse aux pauvres. Car Dieu n’a pas besoin de vases d’or mais d’âmes qui soient en or.

Je ne vous dis pas cela pour vous empêcher de faire des donations religieuses, mais je soutiens qu’en même temps, et même auparavant, on doit faire l’aumône. Car Dieu accueille celles-là, mais bien davantage celle-ci. Car, par les donations, celui qui donne est le seul bénéficiaire mais, par l’aumône, le bénéficiaire est aussi celui qui reçoit. La donation est une occasion de vanité ; mais l’aumône n’est autre chose qu’un acte de bonté.

Quel avantage y a-t-il à ce que la table du Christ soit chargée de vases d’or, tandis que lui-même meurt de misère ? Commence par rassasier l’affamé et, avec ce qui te restera, tu orneras son autel. Tu fais une coupe en or, et tu ne donnes pas un verre d’eau fraîche ? Et à quoi bon revêtir la table du Christ de voiles d’or, si tu ne lui donnes pas la couverture qui lui est nécessaire ? Qu’y gagnes-tu ? Dis-moi donc : Si tu vois le Christ manquer de la nourriture indispensable, et que tu l’abandonnes pour recouvrir l’autel d’un revêtement précieux, est-ce qu’il va t’en savoir gré ? Est-ce qu’il ne va pas plutôt s’en indigner ? Ou encore, tu vois le Christ couvert de haillons, gelant de froid, tu négliges de lui donner un manteau, mais tu lui élèves des colonnes d’or dans l’église en disant que tu fais cela pour l’honorer. Ne va-t-il pas dire que tu te moques de lui, estimer que tu lui fais injure, et la pire des injures ?

Pense qu’il s’agit aussi du Christ, lorsqu’il s’en va, errant, étranger, sans abri ; et toi, qui as omis de l’accueillir, tu embellis le pavé, les murs et les chapiteaux des colonnes, tu attaches les lampes par des chaînes d’argent ; mais lui, tu ne veux même pas voir qu’il est enchaîné dans une prison. Je ne dis pas cela pour t’empêcher de faire de telles générosités, mais je t’exhorte à les accompagner ou plutôt à les faire précéder par les autres actes de bienfaisance. Car personne n’a jamais été accusé pour avoir omis les premières, tandis que, pour avoir négligé les autres, on est menacé de la géhenne, du feu qui ne s’éteint pas, du supplice partagé avec les démons. Par conséquent, lorsque tu ornes l’église, n’oublie pas ton frère en détresse, car ce temple-là a plus de valeur que l’autre.

Jean Chrysostome, Hom. sur l’Évangile de Matthieu 50.

Saint Grégoire de Nysse (330-394)

Père de l’Eglise grecque, né vers 330 à Césarée de Cappadoce, fils d’un saint, frère de saint Basile le Grand, évêque de Nysse, en Cappadoce en 371. Il lutta contre les ariens qui le persécutèrent. Il fut déposé et rétabli, et participa aux conciles d’Antioche et de Constantinople. Mort vers 394. Un des trois grands « Cappadociens ».

L’Eucharistie est le mystère principal de la Vierge, Marie étant le sujet principal pour lequel la puissance divine a fait de si grandes choses en ce mystère.