Catherine de Bar – Mère Mechtilde du Saint Sacrement (1614-1698)

Catherine de Bar, en religion Mère Mechtilde du Saint Sacrement, est la fondatrice ou institutrice des bénédictines de l’adoration perpétuelle du Très Saint Sacrement. Mère Mechtilde du Saint-Sacrement prend part au mouvement de l’école française de spiritualité et parvenue à un poste dirigeant après l’approbation de son institut par le pape Alexandre VII, en 1660, accentue la dévotion de ses religieuses à l’adoration du Saint Sacrement, dans la ligne de la réforme catholique en opposition au jansénisme.

Tous les mystères de Jésus Christ sont renfermés dans le très saint sacrement. Toujours ils s’y renouvellent.

Adorer et adhérer, p. 88

Apprenons à vivre ici‐bas comme les saints dans le ciel et à faire sur terre l’exercice que nous espérons de faire durant toute notre éternité. Aimons, adorons et possédons en nous‐mêmes Dieu qui fait la gloire et la félicité des bienheureux.

Adorer et adhérer, p 62

Soyez fidèles à demeurer en la présence de Dieu sans vous mettre en peine de ne pouvoir rien faire… N’ayez point de répugnance d’être en la présence de Dieu sans rien faire, puisqu’il ne veut rien de vous que le silence et l’anéantissement. Vous ferez toujours beaucoup lorsque vous vous laisserez et abandonnerez sans réserve à sa toute‐puissance. Soyez fidèles en ce point, ne vous affligez pas de vos distractions, laissez‐les passer et demeurez humblement aux pieds de Jésus.

Adorer et adhérer, p 97

Notre Seigneur Jésus Christ seul peut adorer Dieu parfaitement en esprit et en vérité, et nous ne le pouvons faire que par l’union avec lui. Le temps où nous lui sommes le plus unies, c’est après la sainte communion. Il tire alors toute notre substance en lui. Oh! Si on pouvait voir les merveilles qui s’opèrent dans une personne qui communie ! Elle est alors toute transformée en Jésus‐Christ. Jésus-Christ adore Dieu en elle, et elle adore Dieu par Jésus Christ, et cette adoration peut se continuer autant qu’on veut…

Adorer et adhérer, p 59

Il est intéressant de dire en quelle circonstance les quatre donatrices furent amenées à jeter les bases de l’institut de l’Adoration perpétuelle. Se trouvant chez Madame de Boves, la Mère Mechtilde y vit un tableau représentant une cérémonie païenne, où des prêtres et prêtresses adoraient une idole en tenant un flambeau à la main, et des vestales entretenaient le feu sacré. Saisie, en présence de cette toile, d’une profonde émotion, la vénérable Mère ne put se retenir de dire à la marquise :

Madame, les idolâtres seront un jour notre condamnation et celle des chrétiens qui, dans les églises, ont si peu de respect pour le Très Saint-Sacrement. Hé ! que ne faisons-nous pour Dieu ce que ces païens faisaient pour leurs fausses divinités ! Pourquoi, dans sa maison où continuellement il habite, ne serait-il pas continuellement adoré ? Pourquoi les vierges de la terre ne chanteraient-elles pas perpétuellement le cantique des anges devant ses autels ? Pourquoi les sentinelles d’Israël ne veilleraient-elles pas jour et nuit, sans jamais se lasser, autour du trône du Salomon de la loi nouvelle ?

“Mère Mechtilde du Saint Sacrement”, Publication Bénédictine, 1922, p. 82.

Badonviller est livré au pillage ; les cris des soldats retentissent. Bientôt le bruit de leurs bottes et le cliquetis des armes résonnent dans l’escalier. Un monstre à face humaine les conduit. De son large talon, il frappe à coups redoublés contre la porte, qui tombe fracassée à l’intérieur de la salle. Mais du contrecoup, le malheureux est renversé, tandis qu’une force invisible retient ses compagnons sur le seuil. La vue de ces quarante religieuses, prosternées devant la Sainte Hostie, plus semblables dans leur immobilité à des statues qu’à des créatures humaines, leur impose. Aucun n’ose s’avancer. Saisis d’une subite terreur, ils reculent et s’enfuient en désordre. A peine remises de leur effroi, barricadées pour plus de sûreté, ces pieuses filles apprennent l’arrivée du général Briegfeld. On le connaît comme un luthérien fanatique, un homme violent qu’il faut craindre. Il se présente à la porte du sanctuaire improvisé. On lui ouvre ; toutes les religieuses à genoux, le voile baissé, sont prosternées dans la prière. D’un ton impérieux, il leur ordonne de lever leurs voiles ; elles s’en excusent ; il réitère son ordre avec colère. La Mère Saint-Jean obéit la première. A la vue de ce visage tout empreint de noblesse et rayonnant de vertu, le courroux du barbare tombe, sa voix s’adoucit ; il prie les Sœurs de se relever, les rassure et leur promet protection. Il tint parole, et durant son séjour à Badonviller, il leur envoya des vivres en telle abondance que le superflu permit de soulager les pauvres. C’est ainsi que ces saintes filles, grâce à la Providence et au sang-froid de leur jeune supérieure, trouvèrent la vie où, selon toutes les apparences, elles devaient trouver la mort.

“Mère Mechtilde du Saint Sacrement”, Publication Bénédictine, 1922, p. 33.

A propos de la première communion, elle écrit

De cette première communion dépendent toutes les autres : quand la première communion est bien faite, on s’en ressent toute la vie.

Elle ajoute sur le ton de la confidence et en parlant sans doute d’elle même:

Je connais une personne qui a obtenu alors tout ce qu’elle demanda ; la grâce qu’elle reçut fut comme un germe qui en produisit une infinité d’autres par lesquelles elle fut conduite à la perfection où Dieu l’appelait.

“Le désir éperdu de Dieu”, une vie de Mectilde du Saint Sacrement, Gérard Hoffbeck, p 21.

On me parle toujours d’oraison, et jamais je n’entends parler du Saint-Sacrement. Est-il donc, ou peut-il y avoir un moyen plus efficace de s’unir à Dieu que la sainte Eucharistie ? La sainte Eucharistie, n’est pas Dieu lui-même ?

“Le désir éperdu de Dieu”, une vie de Mectilde du Saint Sacrement, Gérard Hoffbeck, p 39.

ACTE D’OBLATION A JÉSUS DANS LA DIVINE EUCHARISTIE

Loué et adoré soit à jamais le Très Saint Sacrement de l’Autel !

Divin et adorable Jésus,

je vous adore et vous contemple dans ce mystère d’Amour,

comme Hostie sainte et sacrée,

qui porte et efface les péchés du monde,

et qui est immolé par Vous- même

pour la gloire de Dieu et pour la salut des hommes.

J’apprends de votre Apôtre

Que vous désirez que nous soyons tous

des Hosties vivantes, saintes et dignes d’être sacrifiées avec vous

à la Gloire de Votre Divin Père.

O mon Sauveur,

En l’honneur et union de l’Oblation et Sacrifice

Que vous faites de Vous-même à votre Père

Je m’offre à Vous

Pour être à jamais hostie de votre aimable Volonté.

Consommez-moi entièrement dans le feu de votre Divin Amour,

Et faites en sorte que désormais

toute ma vie soit un sacrifice continuel

de louange, de gloire et d’amour.